Proposition d'analyse du poème Départ dans les Illuminations de Rimbaud
[...] Ce dernier appel est cause de son départ, déjà initié par le dernier verset, qui dirige le poète vers son intériorité (« affection ») pour mieux saisir l'invisible : il n'est plus question de vision mais seulement de « bruit », comme si l'invisible ne se présentait pas plus au poète qu'aux hommes, mais que celui-ci lui était conté, murmuré par une voix presque divine, source de son inspiration. Le poète se fait dès lors intermédiaire entre l'humain et le divin. [...]
[...] En effet, les termes « rumeurs » et « visions » sont tellement propres à Rimbaud et à la manière dont il détruit le poète voyant, que le sens pourrait être tout opposé. Serait-ce alors une moquerie de la voyance, de la poésie inspirée, nouveau jeu de contradiction de Rimbaud ? Serait-ce sinon un adieu à la poésie, l'expression d'une lassitude poétique (poids trop lourd de cette mission poétique, qui doit, seule découvrir l'invisible au reste de l'humanité) ? [...]
[...] Sur le troisième verset, l'alexandrin blanc formé est sans doute le plus fidèle aux règles de versification classique. Cependant, c'est pour mieux le quitter, puisque les six premières syllabes, si l'on suit notre analyse, sont l'affirmation d'une fadeur de la poésie classique, ou du moins, de ces rumeurs et visions communes, et les six dernières, la proclamation d'une nouvelle manière d'écrire de la poésie, par l'inspiration et la voyance. Toutefois, on peut se demander si cette interprétation est bien celle à donner au poème. [...]
[...] ; « le soir, et au soleil, et toujours » : référent temporel verset : « les arrêts de la vie » : moments privilégiés et moments de crises, d'après Pierre Brunel, c'est-à-dire, les moments d'inspirations et les moments où celle-ci s'éteint verset : Phonétiquement, l'affection remplace les visions, et logiquement, le bruit doit remplacer les rumeurs " . ce n'est pas un départ vers, mais un départ dans, comme si l'intention entraînait un monde avec soi, un monde neuf. Le départ de Rimbaud doit être un absolu commencement." P.Brunel, A.R. ou l'éclatant désastre (p.13). [...]
[...] * Anaphore « assez » met en avant une lassitude qui justifie ce « départ » (poétique qui commence dès le dernier verset : la rupture avec les versets précédents peut marquer un renouveau * Le texte est très progressif : 1[er] verset, lassitude de la vision ; lassitude des rumeurs, le réunis Rumeurs et visions, ce qui forme un chiasme avec les deux premiers versets, puisqu'ils ne sont pas repris selon un parallélisme : comment interpréter ce chiasme ? On peut peut-être y voir la volonté du poète, de refermer sur elles-mêmes ces visions et rumeurs qu'il ne veut plus voir * Hors expressions initiales, on peut lire un alexandrin blanc sur le premier verset (avec diérèse sur « vision ») et sur le troisième verset. Octosyllabe sur le dernier ? jeu en en tout cas LEXIQUE : * Vision et rumeurs : l'apparition poétique (cf. lettre du voyant) ou sens littéral ? [...]
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