Analyse approfondie des livres de philosophie pour enfants (du point de vue éditorial)

Résumé du document

Depuis le début des années 2000 et la parution des premiers Goûters Philo chez Milan, les livres « de » philosophie pour enfants n'ont cessé de se multiplier dans les publications pour la jeunesse. En 2009, il n'est pas un éditeur qui ne compte au moins une collection ou un album de philosophie à son catalogue ; ces ouvrages constituent désormais une production à part entière, bien cernée et identifiée par les professionnels du livre, mais aussi le monde éducatif, qui tous reconnaissent sa pertinence. Après le succès incontesté des premières collections, les éditeurs ont très vite perçu la demande véritable d'un public désireux d'aborder de grandes questions philosophiques avec les enfants, mais qui ne disposait pas de supports adéquats pour le faire. De même, le potentiel économique de ce nouveau secteur, véritable « poule aux œufs d'or », selon l'expression de Michel Piquemal, auteur des Philo-fables, n'a pas échappé aux éditeurs.

De très nombreux livres ont été et continuent à être publiés qui sont à la frontière des livres de philosophie à proprement parler ou de ceux qui se présentent comme tels. Il s'agit de documentaires ou d'albums qui sont ponctuellement amenés à aborder des questions à caractère philosophique (la mort, la vie, le corps, l'intelligence, la politique, etc.) mais qui ne prétendent pas les traiter comme telles. En documentaires, citons par exemple les collections Oxygène et Hydrogène chez De La Martinière jeunesse, destinées aux adolescents.
Les titres que nous avons retenus sont essentiellement ceux des grands éditeurs jeunesse. Tous ont su se différencier des Goûters Philo, clairement identifiés comme le stratège de notre étude. Il s'agira de voir quelles stratégies éditoriales les éditeurs concurrents des Goûters Philo ont développées, et si celles-ci se sont avérées porteuses.

Extraits

[...] Le thème choisi est alors présenté à l'éditeur, Dominique Auzel, qui le valide ou non. Michel Puech, professeur de philosophie à la Sorbonne, discute avec Brigitte Labbé, auteur pour la jeunesse, des concepts à aborder pour parler de la notion de l'ouvrage. Cette dernière rédige alors les textes en ancrant ces concepts dans la vie quotidienne d'un enfant, sous la forme de saynètes et de cours récits. Puis Michel Puech relit cette proposition, afin de s'assurer qu'il n'y ait pas de contresens philosophique dans cette adaptation. [...]

[...] Tous ont su se différencier des Goûters Philo, clairement identifiés comme le stratège de notre étude. Il s'agira de voir quelles stratégies éditoriales les éditeurs concurrents des Goûters Philo ont développées, et si celles-ci se sont avérées porteuses. Présentation du stratège, les Goûters Philo Type : collection Principaux auteurs : Brigitte Labbé (auteur jeunesse) / Michel Puech (philosophe) jusqu'au n°25 / Pierre-François Dupont-Beurier Illustrateur : Jacques Azam Couverture : pelliculée brillante, quadri Illustrations intérieures : couleur Format : 125 x 180 mm Nombre de pages : 40 Age de lecture : 8 ans et plus Papier couché Broché dos carré cousu et collé Prix de vente : 4,50 1er tirage : 8000 exemplaires La création Les Goûters philo ont été créés en 2000 par les éditions Milan, avec pour projet de faire réfléchir de jeunes enfants de 8 ou 9 ans, à des questions d'ordre philosophique comme l'amour, la mort, la guerre, etc. [...]

[...] Ce type de conception du rôle de l´image est, on le sait, le plus répandu. En termes éditoriaux il est plus facile de faire un tel livre car l´illustrateur suit le texte. Texte et image sont deux entités séparées qui travaillent côte à côte. La plupart des livres se trouvent dans ce cas. Dis-moi filo est un bon exemple de ce type de conception de l´image. Le texte raconte une histoire. L´image illustre exactement ce qui se passe dans l´image. [...]

[...] Ceci est dû le plus probablement au fait que la liberté adoptée dans le traitement des thèmes (multiples questions en suspens qui appellent à la discussion, et n'imposent pas de réponses) lui joue des tours, car ni les libraires ni le public adulte (qui est à la source de l'acte d'achat lorsqu'il s'agit des livres pour enfants jeunes) ne semblent pas autant convaincus par un livre qui se contente de poser des questions sans apporter des réponses. Une autre voie est celle choisie par les concepteurs du projet de la collection Les Philo-fables (Albin Michel, 2003) a été un grand succès et continue toujours à l'être. Dans cet ouvrage, l'auteur se détache du carcan de philosophie en en proposant une interprétation plus littéraire. [...]

[...] Nous verrons par la suite si les PhiloZenfants ont réussi à faire de l'ombre aux Goûters Philo. Notons enfin que les deux dernières collections en date de Milan et Nathan sont très semblables, bien plus que leurs grandes soeurs : bien que s'adressant à des tranches d'âges différentes (maternelle et début du primaire), on retrouve dans Dis-moi Filo et les Petits PhiloZenfants une structure narrative très proche (un petit garçon, Phil/Filou qui pose des questions à son entourage proche et qui trouve finalement des réponses auprès de son doudou/d'un oiseau imaginaire). [...]