Cette expression écrite devait, comme le sujet le précise, être un article de journal écrit par un metteur en scène (vous) pour revendiquer la liberté d'interprétation et de mise en scène par votre profession. Basée sur un texte de Ionesco, elle relève bien sûr du registre polémique et présente de nombreux arguments agrémentés d'exemples de pièces ou encore de metteurs en scène. Utile lors de la rédaction d'une dissertation sur la mise en scène ou le théâtre par exemple.
[...] Molière s'est-il retourné dans sa tombe quand mon collègue, Daniel Mesguich, à l'acte final de Dom Juan a incorporé des femmes nues représentant les formes maléfiques venues chercher notre héros? Une telle mise en scène, inconcevable à son époque par le caractère subversif contraire aux conventions théâtrales, est maintenant pleinement possible. C'est ce bris des chaînes dont on nous enserre que je revendique haut et fort ! De nos jours, nous n'allons plus au théâtre pour voir une pièce mais bien le travail créatif du metteur en scène qui met toute son âme à capturer la pièce. Le spectateur possède, d'ailleurs, une place privilégiée dans les oeuvres de Ionesco. [...]
[...] C'est tout cela que le dramaturge oublie . pour ne retenir qu'une image réductrice de notre travail! Il s'étonne ainsi que, nous autres, rajoutions des éléments qui ne se trouvent pas dans l'oeuvre originale . mais c'est Ionesco que je mets au défi de monter une pièce! Comme nous autres, il rejettera le diktat théâtral . Au diable les conventions! Si Ionesco est bien l'auteur d'avant- garde qu'il prétend être, alors qu'il le prouve en s'extirpant de l'auto- censure qu'il s'inflige à lui-même! [...]
[...] Les didascalies marquent donc l'importance nouvelle que les acteurs accordent à la théâtralité, c'est à dire aux “conditions matérielles de la représentation”, décor, jeu, mise en scène, désormais à l'intérieur du même texte. Mais le souci de fixer précisément ces conditions traduit une méfiance à l'égard de nous autres, metteurs en scène . Dès lors que les didascalies sont élevées à la dignité du dialogue et acquièrent ainsi, force de loi, quelle marge de liberté est laissée au metteur en scène? Moi, je suis metteur en scène: ce qui signifie que je porte au théâtre des oeuvres déjà écrites. J'ai adapté aussi bien des oeuvres étrangères qu'en langue usuelle . [...]
[...] En effet, quoi de plus ennuyeux qu'une pièce qui ne subisse aucune variation au fil des années ou au gré des metteurs en scène? Les thèmes abordés sont peut-être intemporels (jalousie, amour, mort, peur . ) et à replacer dans un contexte historique, mais nous restons convaincus que le caractère vivant du théâtre provient de l'implication totale du metteur en scène qui utilise le texte de base pour n'en rendre que plus criant les thèmes profonds. Pour cela, j'en reviens à mon ami Daniel Mesguich, artiste reconnu, qui, dans sa propre relecture du Prince de Hombourg, a choisi d'y incorporer, sur le mur du fond, une projection stellaire dans laquelle les personnages, par le biais d'illusions informatiques, se déplaçaient, dans les constellations. [...]
[...] alors le lecteur ne verrait aucune différence entre une lecture mécanique de la liste des provisions ou de poétiques et charmants vers en alexandrins . Je ne prétends pas connaître la fonction première du théâtre mais je peux cependant affirmer que son pouvoir d'évocation réside dans l'implication du metteur en scène. C'est pourquoi ce qu'énonce Ionesco m'est insupportable . veut-il vraiment d'un paysage théâtral tristement uniforme? Il est tout à fait concevable que le dramaturge ait été choqué du tournant contraire pris par la pièce notamment dans l'interprétation des personnages mais trop de contraintes reviennent à tuer la ferveur créatrice dans l'oeuf. [...]
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