Rédiger la préface d'un ouvrage réaliste ou naturaliste du 19ème siècle. Ici : le roman la vie de Guy de Maupassant. Mettre en avant les enjeux de ce roman tout en répondant aux détracteurs de l'époque
[...] J'y ai voulu raconter toute une vie ; et n'aurais-je pas failli à mon ambition si j'avais omis d'y mentionner ce qui nous préoccupe, nous tourmente et nous réjouit le plus : l'amour, et ses suites naturelles et inévitables - l'amour physique ? Je défie d'ailleurs quiconque de trouver dans mes pages la moindre ligne indécente. On m'accuse d'avoir fait un roman pornographique, parce que le personnage qui y recherche le plaisir et l'amour est une jeune femme banale : ce qui, selon mes habiles censeurs, risque de pousser la jeunesse dans le péché. On me dit encore qu'il aurait mieux valu montrer une dépravée, afin de bien faire comprendre que Jeanne n'est pas un exemple à suivre, mais une créature perdue. [...]
[...] On me dit que mon roman est un tissu d'horreurs. Mais qu'ai-je voulu faire, sinon montrer, sous les dehors de la fiction, la vérité cachée de l'être et du cœur ? Jeanne, quoique aristocrate, n'en est pas moins une personne simple ; ses espoirs, ses désirs, ses douleurs, ses doutes sont communs ; son destin, ordinaire. Voici l'histoire d'une femme qui vit, qui souffre et qui meurt après avoir parcouru, comme chacun de nous, une vaste portion de l'horizon de l'amour, de ses déceptions et de ses joies. [...]
[...] à quoi bon faire le tableau d'êtres exceptionnels pour la trouver ? Ne doit-on pas l'exposer là où elle se trouve : dans la vie quotidienne, chez les gens comme tout le monde ? On m'a dit ceci, on m'a dit cela, et on dira peut-être encore beaucoup de choses aux écrivains qui, comme moi, comme mon confrère Emile Zola ou mon ami Gustave Flaubert, ont décidé de ne plus se fatiguer à écrire d'invraisemblables histoires sur d'improbables bonshommes et d'impossibles bonnes femmes ; mais qui plutôt ont fait le choix de faire voir la vie, avec tout ce qu'elle comporte de sale, d'immoral, d'abject ou de pathétique - non pour le plaisir de se rouler dans la fange, mais pour celui, plus simple, plus moral même que ne l'imaginent nos contradicteurs, de dévoiler le vrai, sans se mêler de savoir s'il est bon ou beau. [...]
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