Résumé de l'Ebook:
[...] Je n'attends pas une seconde de plus. Je me rue dans le hall, fait claquer le verrou, attrape la clé, me précipite sur le palier et referme en toute hâte la porte. Je dévale les trois étages, manquant par deux fois me rompre le cou en ratant des marches. J'entre violemment en collision avec quelqu'un devant la rangée de boîtes aux lettres. Le choc est si brutal que je perds l'équilibre et me retrouve au sol, les quatre fers en l'air. [...]
[...] Au lieu de cela, je reste figée dans ma position absurde et regarde Edouard, le rouge de la 14 honte brûlant de plus en plus mon visage. Les secondes de ce face-à-face silencieux s'étirent. C'est insupportable. Alors un rire nerveux s'échappe de ma gorge et rompt le charme burlesque de cette scène. Est-ce bien moi qui ris comme une démente ? Est-ce également moi qui trouve la force de me relever, de refermer la fenêtre et d'entreprendre, entre deux hoquets hystériques, de raconter l'exploit que je viens de réaliser ? Édouard, quant à lui, ne bouge pas d'un pouce. Son dossier éventré gît toujours au sol. [...]
[...] Il contourne le banc, m'invite à m'asseoir à ses côtés, ramasse mon carnet d'esquisses et mon crayon et les époussette avant de les poser sur mes genoux. Puis, tout doucement, il relève les jambes de son pantalon. Il m'indique d'un geste tremblant ses chevilles et ses mollets. Je me penche pour mieux voir. C'est alors que ce hurlement s'écrase contre mes mains, sort de ma bouche pour venir mourir dans ma propre chair. La peau du vieillard n'est pas seulement ridée et flasque. Elle est ornée de reflets verts. Comme les pattes du pigeon. [...]
[...] Tu ne crois pas si bien dire ! Je saisis la main secourable que me tend Edouard. Je lui fais signe de rester silencieux et guette l'écho éventuel du vieillard tentant de s'échapper de mon appartement. Mais la cage d'escalier est aussi calme qu'une tombe. Alors je pousse mon sauveur jusqu'à la porte de l'immeuble puis jusqu'à sa voiture. Ce n'est qu'au creux rassurant de 91 l'habitacle verrouillé que je narre rapidement les événements de la journée. J'en suis à l'épisode du masque fruitier du vieillard dément lorsque mon auditeur se penche et murmure : Regarde Je suis son doigt, pointé en l'air. [...]
[...] La pauvre fille n'a même pas hurlé. J'ai séparé les deux lutteurs avant que ça se transforme en pugilat général parce que certains sortaient déjà de leur bureau et prenaient parti. Je ne peux retenir un petit rire sardonique. J'imagine la misérable créature trempée de liquide brun et le garçon en guenilles tout blanc de colère face à elle. L'ambiance froide et guindée que j'avais appréhendée autour de la machine à café-thé-chocolat était très loin de cette scène ubuesque. Edouard, de son côté, reste parfaitement sérieux et continue d'un air grave. [...]
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