Attentif au halètement irrégulier de ma respiration, je me demande quand je vais mourir.
Je guette les irrégularités de mon souffle, craignant qu'il ne s'interrompe d'un moment à l'autre, sans que je m'en aperçoive.
En même temps, je me rassure : tant que j'entends le sifflement de l'air se frayer péniblement un chemin à travers mes bronches asthmatiques, avec ce halètement familier de locomotive à vapeur peinant sur de vieilles traverses rouillées, je suis encore en vie.
Un léger mieux se produit en général à ce moment: l'angoisse s'estompe, ou plutôt passe en arrière-plan, me laissant accroché aux bruits de tuyauterie de mon corps. Je m'y réfugie peureusement pour ne plus penser à rien d'autre (...)
[...] Il devait alors s'arrêter quelques instants. Tout tournait autour de lui. Il ne sentait plus son corps, ou plutôt, plus bizarrement encore il lui semblait que ses membres étaient devenus de pierre. Dans sa tête, il avait l'impression que mille flammèches de soleil éclataient; elles tournoyaient toujours plus follement, traversant les parois de son crâne, rebondissant en crépitant sur son corps de pierre qui, tel un silex chauffé à blanc, se mettait à craquer de toutes parts. Une douleur insoutenable l'envahissait alors, laquelle se transformait en quelques instants en une vague d'euphorie incroyable, en un seul sentiment d'ivresse et de plénitude qui le submergeait tout entier. [...]
[...] Au fur et à mesure de sa progression, cette gangue qui l'entourait devenait de plus en plus lourde, l'engourdissant progressivement. Bientôt, il ne sut plus s'il avançait, descendait ou montait. Un moment, il eut l'impression d'avoir tourné dans un boyau encore plus étroit. C'était peut-être l'embranchement dont on lui avait parlé! Mais devant lui, il n'y avait plus qu'un mur de sable, qu'il se mit à gratter lentement. Les grains se décollaient, tombant à ses pieds, mais s'infiltrant aussi dans ses narines, dans sa bouche, dans ses oreilles, lui faisant perdre conscience de repères. [...]
[...] Désormais, il n'était plus question que de carrés et de cordelettes, de divisions rationnelles de l'espace, de classification du moindre grain de poussière, de gestion progressive et méthodique des fouilles. A chaque chercheur, était attribuée une zone, qu'il lui fallait méthodiquement exploiter, en enregistrant sur ordinateur toutes les pièces rencontrées. Les découvertes ne pouvaient plus être le fruit du hasard ou de l'inspiration: elles étaient, elles aussi, programmées pour se dévoiler inéluctablement à un moment donné, en se soumettant à une méthode scientifique supposée infaillible. La journée d'un archéologue ressemblait désormais à celle d'un fonctionnaire, répétitive et morne, exigeant une succession de gestes machinaux et de mesures sans intérêt. [...]
[...] Le vide Retrouvé Et rien d'autre -Tout le reste est littérature Table des matières Cosmogenèse (Préambule) 4 Almadama (la dame blanche de Corse) 31 Dans les ruines du temps (Crète) 51 La femme de la lagune (Venise) 66 Dans la forêt de pierre (Angkor) 82 Le manuscrit perdu (Mystique du sable, Chinguettit 97 La mort réconciliée (Trouville) 145 Epithate pour les vivants (Epilogue) 152 Mentions Obligatoires Achevé d'imprimer Imprimé en France par Dupli-Print L'imprimeur numérique parisien rue Descartes Z.I. [...]
[...] Mais c'était une illusion. Il dessinait en fait des cercles concentriques toujours plus vastes, mais qui n'avaient de sens que par rapport au village central où il était hébergé et où il revenait chaque soir. Comme ces marins pêcheurs dont l'immensité de la mer est leur domaine, alors qu'en fait ils ne rêvent qu'à leur port d'attache et au moment où ils pourront enfin se reposer dans le havre de leur foyer, il avait fallu longtemps pour qu'Allan comprenne que, loin de s'ouvrir à d'autres mondes, ses escapades avaient servi en fait à délimiter les bornes d'un territoire mythique -son territoire, dont le centre ne pouvait être que là où il se trouvait déjà. [...]
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