Résumé de l'Ebook:
[...] En tout cas, il n'est pas à mesurer à l'aune de nos existences individuel- 40 les éphémères. Et il n'y a que Dieu pour savoir s'il sera gagné ou pas. L'énigme toujours. Si on accepte ce schéma de la lente transformation dialectique des cultures dont le renouvellement sans cesse du faciès cache cependant de solides permanences, des continuités, on comprendra le caractère provisoire, aussi bien du succès que de l'échec, des Pères Blancs, des Jésuites, des scheutistes et des Spiritains qui, pourtant, avaient formé au Rwanda et au Congo (davantage au Rwanda et au Congo Léopoldville qu'au Congo Brazzaville) des élites authentiques : fins lettrés, théologiens de haut rang. [...]
[...] Non pas en usant de la force ou de l'intimidation morale. Le prêtre ou le pasteur ne devrait pas imposer son enseignement aux populations, comme cela s'est longtemps fait. Plutôt devra-t-il négocier avec elles une rencontre avec l'Evangile où les valeurs de celuici accompagneraient leurs valeurs sociales, leur servant en quelque sorte de miroir, jusqu'à ce que ces valeurs sociales locales se rendent aux raisons de l'Evangile et les adoptent, en quelque sorte. A Tamanrasset et, dans le desert du Hogar où, depuis quelques décennies s'est levée une communauté chrétienne étonnante par son dynamisme et la solidité des convictions, le Père Charles De Foucault n'agissait pas autrement. [...]
[...] La lutte pour le pouvoir après les indépendances est le premier prétexte pour réveiller des rancunes et des haines dormantes. Le dimanche, certes, les églises affichent complet et, le temps que dure l'office, elles mélangent dans une même ferveur toutes les ethnies alors fondues dans une même identité de croyance. Mais l'entente reste superficielle et de circonstance. S'ouvre une situation de crise qui traverse les fondements socioculturels de la société globale bancale née de la volonté du colonisateur, la question identitaire surgit, et on en vient vite aux mains, en oubliant, soudain, qu'on a été ensemble, hier, à l'église, ou au temple où, pour quelques heures, l'émotion religieuse a rapproché les ethnies et donné naissance à une grande famille. [...]
[...] Pour ces chrétiens qui ont pris part à ces violences identitaires, le lien de fraternité qui les attache aux chrétiens des autres ethnies par la communion à une même foi, s'est soudain évaporé. L'autorité des valeurs de leurs groupes d'appartenance pesait plus que celle des valeurs chrétiennes au nom desquelles ils auraient dû se battre pour que de telles guerres n'aient jamais lieu. Mesuré à l'aune des exigences évangéliques, le scandale n'est pas petit. La consigne de l'Evangile est en effet, sans équivoque : vos estis sal terrae Et si sal euanerit, in quo salietur ? [...]
[...] Il n'est donc pas étonnant qu'après plus d'un siècle d'évangélisation, (c'est insuffisant) la culture de ces pays persiste à opposer au changement que l'idéologie chrétienne lui propose, cette belle résistance. On ne peut, certes, pas nier une certaine évolution positive de la conscience et des mentalités collectives, au Rwanda et au Congo. Cependant, sur l'essentiel, la culture n'a cédé que 11 très peu de terrain. Les valeurs dominantes demeurent ; souvent revivifiées par la grave crise sociale et politique que traversent ces pays depuis leurs indépendances, exacerbant les tensions identitaires qui mettent à mal la foi de biens des chrétiens. [...]
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