Résumé de l'Ebook:
[...] Il approche, marche en ma direction. Plus de doute, c'est bien lui. Je réprime un mouvement d'impatience et de colère, et avec calme, lui fais simplement signe de se hâter. Il entre. Volubile, il donne des détails qui augmentent notre frayeur : des corps en grand nombre jonchent l'avenue qu'il vient de traverser ; toute une famille vient d'être exterminée sous ses yeux. Et penser que trente minutes plus tôt, j'étais passé par cette avenue où, à présent, s'engouffrait la mort ! [...]
[...] Je n'en pouvais plus de ne pas arriver à Loudima. J'eus voulu m'arrêter, et la soif était terrible, mais comment avec une telle peur au ventre ? Enfin, le soleil sur nos têtes et ivres d'en avoir tant pris, nous atteignons Loudima, la seule localité où, à cette heure du jour, avec un peu de chance, il nous était possible de trouver 58 un bus, ou quelque véhicule qui en tint lieu. L'attente fut longue, la nouvelle de l'invasion angolaise étant parvenue jusqu'ici. [...]
[...] Un jour, en pleine guerre, comme autour de quelques victuailles que nous nous étions difficilement procurées, nous fêtions le Nouvel An 1998, désinvolte, elle nous dit le plus naturellement du monde c'est une belle fête ; je suis heureuse de la passer avec vous, mais c'est probablement mon avant-dernière Elle décéda l'année suivante, cinq mois après le Nouvel An 1999. Mon père, lui, était d'une autre complexion. Taillé en athlète, c'était un solide gaillard. Voyageur infatigable, poète dans l'âme et le cœur, toujours en route pendant sa jeunesse, il était de la race de ceux dans le cœur de qui, en permanence, sonne l'appel des lointains. Artiste habile des ses doigts, il jouait excellemment de la sanza et du tam-tam. Toute la contrée était sous le charme lorsqu'il s'y mettait. [...]
[...] Je fus soudain enveloppé de nuit noire. Peut-être fis-je là, le temps d'un instant, l'expérience asphyxiante du sentiment de l'absurde, lorsque, jusqu'aux fi65 bres de mon être, tout en moi parut se désarticuler et flotter en l'air, sans direction. Ce sentiment de déroute générale de l'esprit fut heureusement d'un instant. Et comme le prélude désagréable de la minute de bonheur qui suivit. La nuit, en effet, se dissipa soudain, ou plutôt, fut traversée par une brillance qu'aucun mot ne saurait décrire. [...]
[...] Et sur la question, mon ignorance était peut-être la meilleure chose. La nouvelle de la mort de mon père me trouva chez ma mère, je ne me souviens pas d'avoir pleuré, mais seulement de l'immense chagrin qui m'envahit alors. J'accourus. Les soldats angolais, après qu'ils eurent pris le peu de bien qu'ils trouvèrent chez mon père déjà décédé, eurent l'humour macabre de nous demander de leur verser une rançon, si nous voulions qu'ils nous abandonnent son corps ; sinon, ils nous feraient passer par les armes, comme rebelles et résistants ! [...]
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