Maury Jean-Pierre, Cagouillou & Dicky Chouchou

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Extraits

[...] L'étude l'avait mis au rang des nantis En cette fin de premier trimestre, il finissait classé troisième sur vingt-sept. L'oncle, quasi-analphabète, serait content de lui. Les frais de pension qu'il appelait "les sous placés sur son neveu" seraient d'un rapport sans commune mesure avec un magot petitement placé à la Caisse d'Epargne ou risqué en Bourse. Pareillement, la famille du vacher avait pressenti qu'il y avait, en lui, de la graine d'ingénieur mais d'un ingénieur pas comme les autres : celui-ci serait parti de rien. [...]

[...] Le moins possible. Pour les mariages, dehors, devant l'église, évite le soleil en face. C'est pas bon. Bon, il faut que j'y aille A part ça, tout va bien. J'espère que pour vous il en est de même. Tu diras à ma mère que je donne des cigarettes à un Allemand. Je les échange contre des haricots verts. Il a dit qu'elles étaient bien meilleures que celles de son armée. Voilà. A la prochaine. Portez-vous bien. Je vous embrasse tous. [...]

[...] Cagouillou flottait sur un nuage. La fortune tombait dans son escarcelle et lui flanquait des vertiges d'un heureux gagnant à la loterie nationale. Dans cette cour aux pavés arrachés par le groin du cochon, ça faisait un coin de ciel bleu au milieu de la guerre et des privations. Dans l'odeur des étables et de la porcherie ça ouvrait une fenêtre sur le paradis. Le curé avait bien raison d'affirmer qu'il y avait un Bon Dieu. Y'en a même, parmi les laïques, qui disaient que la guerre profitait à quelques-uns. [...]

[...] Croyaient-ils pouvoir toujours vivre sur les copains ou sur l'habitant maintenant que leurs forces ou leurs ventres équivalaient aux besoins de trois à quatre cents hommes distribuant, à tour de bras, des bons de réquisition ? Pendant qu'ils ripaillaient, il n'y avait pas une demidouzaine de volontaires pour surveiller les alentours. Ne pas bouffer, à l'heure, avec les autres, aurait été considéré comme une vexation. Afin d'accomplir une ronde, Willy emprunta une bicyclette. Grand bien lui fasse : c'était un tracassier, un bilieuxnerveux. Après le repas et la gnole, comment pouvait-il en être autrement ? On s'allongea pour dormir. L'ennemi, bon prince, respectait ingestion et digestion. [...]

[...] Le maire devina l'oncle convaincu du bien-fondé de sa décision. Gicot, voyons 206 Il ne l'avait pas appelé par son prénom depuis que l'hercule était quasiment devenu le propriétaire du Pré Puri. Là avaient commencé les discordes Gicot, voyons, tu n'as pas le droit L'oncle se redressa, un coude posé sur le manche de son outil. Il transpirait comme une baleine : Le droit ? Encore le droit, toujours le droit ! Mais vous n'avez tous que ce mot à la bouche ! [...]