Résumé de l'Ebook:
[...] Le suspense se terminait toujours de la même manière : la porte de l'abattoir se refermait. Toutefois, le spectacle attirait beaucoup d'enfants, surtout qu'en des temps reculés, un goret plus vaillant que les autres avait réussi à s'enfuir, renversant les deux malabars qui s'étaient mis à courir dans la rue pour rattraper le fugitif. Les rires et les applaudissements qui avaient suivi la fin de l'héroïque épopée de la pauvre bête, ivre de liberté mais au destin final garanti, avaient jeté le discrédit enfantin sur le bâtiment d'en face, et chacun aurait donné son goûter pour revoir encore un exploit animal identique. [...]
[...] Vous avez vu son pif, les gars ? Regardez-le ! Je ne relève pas. Je suis à moitié naze, et je vois les autres dans un brouillard nébuleux. Etude. Je somnole encore. Dortoir. Vite. J'enlève ma blouse, j'enfile mon 332 pyjama par dessus tout le reste et je m'enterre sous mes couvertures. Mon nez ne doit plus ressembler qu'à une tomate mûre. Je le laisse couler car il est tellement irrité que je ne peux plus le toucher. J'ai passé la pire des journées depuis mon arrivée. [...]
[...] L'heure se passe, blafarde, dans le silence imposé par la sanction collective. La corne nous délivre quelques minutes, et on voit arriver un vieux monsieur assez imposant, ventre en avant, cartable usé sous le bras, la démarche chaloupée, lente, comme celle de quelqu'un qui se fait attendre, sûr de son coup. Charras. Monsieur Charras. Pas de surnom. Charras ? Avec deux R. On pourrait dire même avec quatre ou cinq chacun d'entre nous insistant sur cette lettre plus que de nécessaire. [...]
[...] La semaine, il y a une mode. La mode des Nateux. Une espèce de nœud mal fagoté, serré très fort. Et la cravate de la semaine, on ne la défait jamais, on l'enlève et on la remet par dessus la tête. Aurère nous a même dit qu'à la fin de son année scolaire, sa mère l'a jetée directement à la poubelle, ne pouvant plus la défaire. Le dimanche, on s'applique. Il y a le nœud simple et le nœud double, selon le nombre de tours effectués. [...]
[...] Mon père m'avait suivi, penaud, devant les cris de ma mère, qui avait enfin réussi à reprendre son territoire, en piteux état, certes, mais les litres de javel qu'elle allait sûrement y déverser feraient disparaître à jamais les traces de nos dernières tentatives. Demain, on va à Beaurepaire. Qu'est ce qu'on va faire là bas ? On va te changer d'école. Comme ça t'iras aux Arts et Métiers. Et mes copains ? Et mes copains ? J'avais instantanément trouvé une excuse. [...]
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