Louvel Franck, Le Bout du Monde Tome 2

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Extraits

[...] Tout en observant son travail, elle semblait ne pas le voir. Elle avait un visage qui ne lui connaissait pas et il s'en inquiéta. Son regard semblait perdu vers les poutres blanches du faîtage : il ne comprit pas ce qui se passait et délaissant la recherche du morceau de bois qui lui permettrait de terminer le calage en cours, il descendit précipitamment. Lorsqu'elle fut devant lui, il vit son regard briller ; ça n'était pas des larmes non, mais cette émotion qui les précède ou les retient Se baissant pour être à sa hauteur, il vint frôler son visage et le regard dans le sien il demanda : Que se passe-t-il ? [...]

[...] Treize, le coupa Flore. Oui, enfin que s'est-il passé, pour que vos parents s'établissent à Paris dans le commerce de vêtement de luxe ? Votre enquête a tourné court brigadier, vous ne savez donc pas l'essentiel. J'avais à peine dix ans quand mon père a commis une erreur de diagnostic irréparable, rayé de l'ordre, trois ans d'enfer 155 où ma mère a fait tout ce qu'elle a pu pour le tirer d'une pente où il se laissait glisser sans aucune réaction : la boisson. [...]

[...] Qu'est-ce que c'est, fit-il sèchement. Je peux vous parler ? Demanda-t-elle. Il fixa les feuilles, mit un moment à répondre puis dit enfin : Vous voulez rentrer une minute. Elle hésita. Oui, finit-elle par dire, ce serait mieux, il faut que je vous parle Il opina du chef, la précéda pour lui ouvrir la porte, mais ne lui proposa pas de s'asseoir. Elle jeta les papiers sur la table. Je crois que ça vous intéresse. D'un geste sec il éparpilla les feuilles et la regarda avec incompréhension. [...]

[...] Tu ne m'écoutes pas, fit-elle mine de se fâcher. Oh si je t'écoute, je ne fais même que cela, ne t'arrête plus. Elle le regarda droit dans les yeux, il était ailleurs, elle prit sa main, allez viens, dit-elle, on va danser jusqu'à l'aube. Enlacés, l'un l'autre, ils remontèrent le chemin et prirent la route du village. Arcout palpitait de bruit et de musique et le village était maintenant empli de jeunesse : les deux places étaient couvertes de motos et de voitures et dans le parquet salon, la musique tonitruait ; à l'extérieur on ne percevait que les basses qui 107 faisaient vibrer les cloisons de bois et lorsque la porte s'ouvrait pour laisser rentrer une grappe de danseurs, un flot tumultueux emplissait l'espace quelques secondes avant de mourir étouffé en coups sourds et répétés. [...]

[...] Je passais simplement au village aussi je voulais en profiter pour vous dire que si le tableau vous intéressait toujours, arrangerai le coup avec Volbert, je vous le vends moi-même mais il en aura besoin quelque temps pour l'exposer. Bien sûr qu'il m'intéresse toujours. Un tableau ? releva Lucien. Peut-être que votre mari souhaiterait le voir ? Osa Flore Non ! Je ne souhaite pas qu'il le voit ; hein mon Lulu, je te réserve une surprise . Une surprise ? Oui ! On ne va pas remettre un miroir sur ce mur ; j'ai trouvé bien plus original. Qu'est-ce que tu mijotes encore ? [...]