Leroy Thierry, Elles, Jérusalem

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Extraits

[...] Dieu seul est grand. Je témoigne qu'il n'y a aucun dieu en dehors de Dieu. Je témoigne que Mahomet est l'envoyé de Dieu. Venez à la prière, venez au succès. Dieu seul est grand Sur la terrasse voisine, les fillettes ont cédé la place à un homme âgé qui a soigneusement rangé ses chaussures à côté de son tapis de prière. Debout, il élève les mains, les pose sur sa poitrine, s'incline, se redresse et se prosterne. De proche en proche, les muezzins se répondent et toute la ville s'emplit de l'appel qui donne la chair de poule. [...]

[...] Des voix lui parlaient, les ailes l'envolaient dans les espaces infinis et azurés, très haut, si loin de la terre ! Des battements d'ailes, des pulsations vitales, une respiration. Elle s'éprouvait, fragile et forte à la fois. Les ailes d'un l'aigle l'emportaient en spirale vers la terre, un aigle noir venu d'autrefois, un aigle aux yeux de rubis Une descente vertigineusement belle. Un souffle minuscule, ténu et fragile. Que lui murmuraient les voix des anges ? Elles disparaissaient dans le brouillard, de l'autre côté du mur de sa prison. Les anges existaient, l'instant d'une aria. [...]

[...] Voilà mademoiselle ce qu'est le Temple de Jérusalem à l'époque de sa splendeur. Une splendeur, une boucherie, la plus grande boucherie du monde connu. Pour la gloire de Dieu et la bonne conscience des humains. Des centaines d'animaux étaient abattus chaque jour, depuis les pigeons jusqu'au gros bétail. A l'emplacement du Dôme du Rocher, voici l'autel de pierre de treize mètres de côté et de sept mètres de haut, il dégouline du sang des sacrifices, un feu brûle en son centre et les sacrificateurs y jettent les quartiers de viande dont la consomption réjouit les narines de leur Dieu. [...]

[...] Irrémédiablement perdue, irrémédiablement Celui à qui Diane adresse un salut de la main répond par un sourire passablement édenté d'où sort un Ahlan we sahlan enthousiaste : Omar le taxi est plus chaleureux que jamais, bras grand ouverts, large sourire. Il est accompagné d'une femme et d'un jeune homme élégant. Lorsque sont achevées les salutations et les présentations, le jeune homme prend la parole : Je vous ai entendu, Monsieur, parler d'un trésor. Ici Mademoiselle, il n'y a qu'un joyau : c'est Al Sakhra ! 134 Le jeune homme élégant est le neveu d'Omar et il se prénomme Nazmi ; derrière ses fines lunettes d'acier les yeux sont noirs et ses sourcils dessinent un accent circonflexe. [...]

[...] La ruelle malodorante est à peine éclairée par la lune si lointaine, si cruelle. Un cageot défoncé arrache la peau de sa cheville. Elle se mord la lèvre, reprend sa course. La musique d'une guitare orientale crépite joyeusement dans une venelle. La bouffée de musique, de pain frais, de curcuma l'enivre. Ils ont versé le sang comme l'eau aux alentours de Jérusalem : Les morts restaient sans sépulture.23 Tapie sous sa carapace de pierre, la basilique du Saint Sépulcre est sourde au désespoir. [...]