Résumé de l'Ebook:
[...] Chaque venue chez mes parents était sujette à discussion, amenant la tristesse dans mon cœur pour des mois. Mes parents, seuls depuis des années, vivaient l'un en face de l'autre, dans une sorte d'accord tacite d'indifférence. Seule notre venue réveillait les hargnes du passé. Sans doute que maman se sentait moins abandonnée et profitait de notre présence pour monter sur ses ergots et se rebiffer Papa, lui, ne chantait plus, ne riait que très rarement, buvait moins aussi. Maman avait déniché, avec l'aide d'un ami médecin, une sorte de poudre en sachet, rien de dangereux, qui, mise une seule fois dans un verre de cidre, provoquait des nausées et de ce fait, empêchait mon père de boire outre mesure. [...]
[...] Cette aventure que je croyais sans lendemain est toujours vivante aujourd'hui. Nous avons vécu des moments inoubliables, des peines, des soucis, des séparations temporaires. Des coups de canifs dans ce contrat qui n'existe pas. Elle, sublime, jeune, désinvolte, provocante, était une amie. Elle venait de temps en temps me voir, nous discutions, je la recevais amicalement. J'ai surpris, dans une fraction de seconde, ce désir intense dans ses yeux, cette entente tacite entre eux deux, ce sourire empli de désir et d'envie. [...]
[...] Mes matins sont tristes autant que les soirées d'ailleurs. Mes parents, je les aime de tout mon coeur, mais ce sont eux qui ne s'aiment pas eux-mêmes ni les autres non plus Au fil des années de tourmente, de guerre continuelle, de mots terribles, leurs coeurs se sont arrêtés de croire en la vie, en l'amitié et, surtout en l'amour. Chaque jour, leur vie trompe insolemment, l'image donnée d'un couple avec un enfant qui, somme toute, devrait être heureux ou, du moins devrait tenter de l'être. [...]
[...] Pourtant, après tant d'années, je crains toujours devoir me réveiller, un matin et, d'avoir à la place de mon bel amour, un vide irremplaçable. Le bilan, sans les filles, est facile : que sommes-nous devenus, Bernard et moi, sans elles ? Je dois admettre que l'amour est simple, routinier, sans complication, qu'il suffit d'être là pour aimer. Je dois accepter que les battements de cœur, la douleur fantastique, les gestes fragiles, les regards embués de désir ne sont qu'éphémères. Je dois comprendre 160 que ma vie est emplie d'amour, un amour confortable, habituel. [...]
[...] Mes parents s'en contentent. Bien entendu, le midi pas question de déjeuner à la cantine (innovation de l'époque). Le prix trop élevé m'empêche de retrouver mes compagnes de travail durant les pauses déjeuner Je ne me lasse pas de regarder, assise sur le banc prévu à cet effet, les saules qui plongent nonchalamment leurs bras fragiles dans l'eau de la Marne. Les passants, ceux qui n'ont pas le temps de s'asseoir pour manger, avec un cornet de frites à la main, discutent encore et encore des problèmes de boulot, les couples juvéniles qui, main dans la main, se bécotent tous les dix pas, peuplent les berges. [...]
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