Jean Dauzay, Ci-gît Jean Delorme ingénieur et cadre

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Extraits

[...] On reprit quand-même les brochures 1401, s'intéressant plus particulièrement aux dispositifs spéciaux utilisés par les CCP, ainsi qu'à l'émulateur sur 360, un simulateur hard qu'IBM proposait à ses clients, dont les performances étaient celles de la troisième génération : si l'on arriverait sans doute sur Sirius à aller à la vitesse du 1401, en serait-il de même pour l'émulateur ? On était dans le brouillard complet et pour l'instant à argumenter qualitativement sur la puissance de Sirius, évidemment supérieure à celle d'un matériel d'ancienne génération ; supériorité contestable en ce qui concernait l'émulateur sur 360 De l'argutie commerciale, quoi ! Et l'on en arrivait toujours à la même conclusion : étaitil pensable que le client se résigne à voir augmenter ses temps de traitement, même provisoirement ? [...]

[...] D'anciens amis ? Qu'attendre de gens qui ont à peu près réussi leur vie loin de vous ? Qu'avez-vous à leur offrir, vous qui n'avez rien fait ? Jean était-il vraiment l'homme à trouver la sérénité dans les livres, on ne sait quelles distractions intellectuel- 322 les, du seul fait de parcourir les mêmes rues que jadis ? Ou bien ne faisait-il jamais que se rejouer une comédie ? [...]

[...] Une autre fois on s'était mis à deux pour le recevoir : le vrai patron et un compère entre lesquels le dialogue d'embauche devait être rodé depuis longtemps ; l'un planait à des hauteurs vertigineuses : budgets de milliards de francs, heures-ingénieurs par dizaines de milliers, heurestechniciens par centaines, encadrement pyramidal depuis le très-haut, lui sans doute, jusqu'au très-bas, Monsieur Delorme bien évidemment, l'heureux postulant ; un poste plein d'avenir certes, mais des débuts modestes très encadrés ; Jean n'avait rien contre l'encadrement, plus méfiant quant à la modestie : devrait-il faire un stageouvrier ? le monde et la mauvaise littérature n'étaient-ils pas peuplés de volontaires farouches élevés dans le cambouis pour finir une secrétaire sur chaque genou ? N'estce pas Monsieur Forestier ? [...]

[...] Il n'était guère d'espoir de substantielle augmentation dans un avenir à la CIMA : combien mieux valait-il donc s'affranchir d'une activité professionnelle bien chichement prometteuse, pour palper dans les loisirs de quoi subsister agréablement en attendant une retraite plus que confortable, puisque pratiquement en rien diminuée. Des années de liberté gagnées ! Encore jeune ! Ajoutons, car ce n'était pas rien, une indemnité de départ en rapport avec sa présence dans la société. Qu'on pouvait donc considérer comme maximale. [...]

[...] ; une lointaine banlieue Quelle bonne nouvelle ! A l'approche de l'échéance présidentielle cette presse minable sombre dans la bassesse à toute fin d'informer le prolo car c'est vraiment ainsi qu'on traite l'ingénieur et cadre des dangers de la nationalisation : on frémit à l'économie administrée, les conseils d'atelier, autant dire les Soviets à l'usine et l'Armée Rouge défilant sur les Champs-Elysées On met autant d'acharnement à le persuader d'une Vérité Unique que l'Humanité en met à prêcher la sienne au vrai prolo, avec la même méthode répétitive, la loi des Bons et des Méchants, la même énorme argumentation. [...]