Résumé de l'Ebook:
[...] Peu à peu, il prend ses distances avec Monet. Pendant que ses amis se consacrent à capter l'éphémère de la lumière et à dissoudre les contours de l'objet, Cézanne au contraire veut mettre de l'ordre dans le paysage pour lui donner une structure géométrique. Pissarro va l'aider à alléger sa palette, à poser sa couleur délicatement, à petits coups de pinceau, à découper l'espace en larges plans imbriqués les uns dans les autres, à contempler et interroger la nature. Bref, Cézanne doit à Pissarro d'avoir conçu la peinture non comme l'incarnation d'une scène imaginaire ou la projection en dehors de rêves personnels, mais comme l'étude précise des apparences, et moins comme un travail d'atelier que comme un travail sur nature. [...]
[...] Un nuage bleuté enveloppe le vase d'opaline estompant les limites alors que des éclairs d'étoiles dans le bouquet près du bord donne une impression de lumière irisée. Le sujet gagne en cohérence et en solidité. Parfois, au contraire, il inverse le rôle traditionnel des couleurs pour intégrer les divers éléments du tableau. Les couleurs chaudes sont plus près que les couleurs froides. Il tient enfin la clé de la synthèse qu'il va opérer entre le linéaire et le chromatique, entre la forme et la couleur, entre les éléments disposés et l'ensemble de la composition. Il crée des liens entre tout cela. [...]
[...] Nous pensons que cela existe nécessairement. Cézanne le dément, il crée en nous le doute et révèle le fond de nature inhumaine sur lequel l'homme s'installe. C'est pourquoi tout est étrange. Sa vision dépasse les apparences. Elle va jusqu'aux racines de l'humanité et nous montre l'objet tel qu'il est, d'où cette émotion d'étrangeté que l'artiste rend accessible aux plus humains des hommes. Il s'agit d'un spectacle dont ils font partie sans le voir. Il dépasse le domaine de la peinture et entre dans celui de la philosophie par l'intermédiaire du langage universel. [...]
[...] Les natures mortes sont davantage décoratives, les oignons à queue se joignent aux pommes, les bouquets sont un bouillonnement de pétales, de sépales, de pistils qui traduisent l'expansion d'une vie qui échappe à l'artiste. Baigneurs ©Roger-Viollet Il n'hésite pas à distinguer des formes que sa misogynie et son indifférence l'avaient empêché de contempler. Il ne pense dès lors qu'à retremper ses forces dont celles de la vie qui éclatent dans la splendeur du monde. Ses portraits eux-mêmes pénètrent davantage la vie secrète du modèle et l'état d'âme du peintre qui les fixe. [...]
[...] C'est que, pendant que la presse spécialisée critiquait ses oeuvres, et que le public se moquait de lui, l'homme s'était réfugié dans une solitude pathologique. Il passait des heures devant un paysage de sa chère Provence. Il ne faisait pas partie de ces peintres, comme Raphaël, qui étaient nés avec la grâce et l'instinct de la beauté. Il fut peintre "à force d'efforts". Quel malheur que cet homme n'ait pas eu plus d'appui dans toute 14 son existence, disait Monet en 1894. C'est un véritable artiste et qui est arrivé à douter de lui par trop. [...]
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