Fortin Claude, Des Enfants, des fleurs et des fusils

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Extraits

[...] Dans la cour de la ferme, Marcel était là pour fourcher et nous devions déposer les gerbes pour en faire une meule régulière, en disposant du même côté la partie à battre pour faciliter le travail de M. Meinar. La tâche était rude mais il y avait de bons moments, le casse-croûte de dix heures et le repas de midi qui se déroulait aux périodes les plus chaudes de la journée. Nous les prenions sous les grands arbres dont les vastes ramures ombrageaient la ferme. Mme Meinar, maman, Danielle et Victorine préparaient le déjeuner. [...]

[...] Ils disposaient de sièges en fer forgé et d'un grand banc en fer et en lattes de bois en forme de S ce que je trouvais être le signe d'une grande richesse ; l'ensemble était complété par une table ronde en fer, percée 51 d'un trou au milieu. M. Grellier y planta un grand parapluie de couleur bleue que maman appela parasol. Ce fut une après-midi merveilleuse, avec limonade, grenadine, petits sablés et surtout, j'étais à côté d'Yvette, resplendissante. Après avoir goûté, Mme Grellier nous dit Les enfants, allez jouer aussitôt tous les quatre nous nous lançâmes dans une partie de cache-cache. [...]

[...] Bérard avait distribué lignes et coups de règle. Nous étions inquiets pour Petit Louis car le père du corrigé avait rendu visite à l'instituteur. En fin de journée celui-ci nous prévint Charles, Roger, Louis vous resterez j'ai à vous parler. Le fait qu'il nous ait appelé par notre prénom était moins grave que s'il nous avait donné notre nom de famille. La réunion eut lieu dans son bureau. Petit Louis nous avait supplié Me laissez pas tomber les gars, si j'suis puni, ma mère elle va me foutre une raclée et au pain sec, moi je la saute tout le temps. [...]

[...] Il faisait chou blanc Les deux contrôleurs, sans doute mobilisés pour essayer de coincer des fraudeurs étaient de plus en plus gênés. L'un d'eux demanda à Fouillu Monsieur le sous-secrétaire, vous nous faites déplacer sur un renseignement que vous estimez sûr pour saisir de la marchandise frauduleuse et nous importunons un honnête citoyen qui de plus est en mission pour les Allemands, tout cela est très désagréable, j'en informerai vos supérieurs et les miens, vous nous faîtes perdre du temps. [...]

[...] Je tombais en extase devant le spectacle. Pendant que maman discutait avec lui, je restais les yeux fixés sur son visage. Cette admiration muette finit par l'agacer, me dévisageant il me demanda Eh bien mon garçon, qu'est-ce qu'il y a que tu me regardes comme ça ? Je revins sur terre et lui dis Vous ressemblez à un saint mais en plus beau, m'sieur l'abbé. Mon dieu, c'est bien la première fois qu'un enfant me fait un tel compliment, ils redoutent plutôt ma sévérité, pourquoi dis-tu cela ? [...]