Desnoix Hervé, Ne pas s'attarder sur l'enveloppe

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Extraits

[...] Le journaliste qui part à la retraite, Louis July, a décidé de partir plus tôt que prévu, ce qui laisse la place vacante également plus tôt que prévu, on est d'accord ? Oui. Et donc ? Je suis allé voir la grande direction, tu sais, celle qui ne sait rien à rien et qui découvre uniquement les choses quand on leur dit. Je leur ai vanté tes services et, puisqu'ils ont estimé que tes compétences étaient mises en valeur, tu obtiendrais le poste. Cette bonne nouvelle arracha un sourire à Lilian, le premier vrai de la journée. Il se leva et enlaça son pote Georges. [...]

[...] En empilant ses dossiers, il tomba sur le cadre de Vanessa. Il marqua un temps d'arrêt et le jeta négligemment dans un des cartons, au milieu des papiers, et sans s'apercevoir que l'homme qu'il haïssait le plus au monde posait sa main sur son épaule. Alors mon petit Lilian ? Prêt à faire son entrée dans le monde des grands ? Plutôt oui. Mais vous savez, sans les réviseurs, certains journalistes pourraient passer pour des demeurés. Au moins, à force de corriger les conneries des autres, je sais ce qu'il faut faire pour donner du boulot, ou pas, aux réviseurs. [...]

[...] Merci, de tout mon cœur, merci. De toutes façons, tous les remerciements du monde ne pourront jamais combler le bonheur que tu m'as apporté. 142 Lizbeth prit Lilian dans ses bras. Gêné, il regarda l'assemblée qui applaudissait et sa femme qui rigolait. Le professeur de français sécha ses larmes et reprit le micro. Il y a dans cette assemblée certaines personnes qui n'ont sans doute pas compris ce que j'ai raconté alors je vais répéter dans la langue que j'enseigne. [...]

[...] Toujours infidèle après six mois, il racontait l'ensemble de ses aventures amoureuses à tous les membres de la rédaction et la légende voulait qu'aucune femme ne le rejette de ses bras. Lilian se demanda soudain comment Vanessa avait pu succomber à un connard pareil ? Certainement parce qu'elle ne le connaissait pas et qu'elle s'était faite embobiner. Cela paraissait une évidence. Elle l'embrassait. Elle avait l'air heureuse. Que lui avait-t-il promis ? Des belles paroles ? Le grand jeu ? [...]

[...] Il regarda le couple s'éloigner vers le passage de la douane. Mark passa le premier, sans aucun souci. Lizbeth passa à son tour, également sans souci. Lilian leva la main en signe d'adieux mais aucun ne se retourna vers lui. Ils disparurent dans la foule, définitivement. Lilian prit conscience de ce qu'il était subitement : un pauvre type qui a la sensation de se faire avoir de toutes parts. Il resta quelques instants pour voir si le couple australien, ou tout du moins Lizbeth ne reviendrait pas lui faire ses adieux. [...]