Résumé de l'Ebook:
[...] Emilie le savait bien qui en avait éprouvé déjà les méfaits. Après un déjeuner typique dans un petit restaurant du port, une partie de l'après-midi du dimanche s'était passée à visiter Honfleur en compagnie des parents de Bernard. Emilie était émerveillée par son père qui s'était révélé un guide tout à fait à la hauteur. Elle comprenait mieux l'engouement des peintres pour ce port, grand comme un mouchoir de poche d'où émane un charme indéfinissable. Et puis, dans ce paysage où Jacques ne l'avait pas suivie, pas accompagnée, sa silhouette mouvante souvent inscrite en filigrane sur tout ce que son regard découvrait, ne pouvait pas ternir cette escapade de son pouvoir nocif. [...]
[...] Simplement, elle s'était toujours efforcée de ne pas penser qu'il était le mari d'une autre qui, malgré son éloignement, parvenait à glisser entre eux son ombre glaciale. Elle l'imaginait en voyage et leurs retrouvailles n'en étaient que plus passionnées. Un ménage à trois, cela n'avait été autre chose qu'un ménage à trois, avec tout ce que cela comporte de mensonge et de lâcheté. Jacques, héros honteux d'un vaudeville banal, Jacques se cachant de sa femme, de ses voisins, de ses amis, pour rencontrer une femme anonyme toujours disponible au moment où il le désirait. [...]
[...] Ainsi, elle restait fidèle à sa mémoire d'une certaine manière, même si elle ne faisait plus chaque jour ses dévotions aux souvenirs conservés de lui dans le silence endolori du salon. Autrefois, elle restait de longues minutes à contempler une photographie prise ces dernières années dans un cadre posé sur une commode Louis XV. Il lui suffisait de faire l'inventaire des bibelots précieux sans jamais les toucher, sauf pour l'enlèvement des poussières, de balbutier des choses confuses pour être tranquillisée sur l'état de son souvenir. Maintenant, elle se rendait chez Jacques. [...]
[...] La pluie aussi était réapparue. Souvent, elle tombait fine, tissant des mailles de plus en plus étroites, filet impalpable où tout vient s'amollir. Les bruits semblaient lointains, atténués. Ah ! que de rêves et de désirs épars dans ces averses, que de souvenirs en ruine dans la boue ! On dirait que la ville à son tour n'existe plus, qu'elle est fondue, noyée dans une léthargie qui l'a submerge toute Emilie se disait que sa passion pour Jacques, envahissante au début, puis aujourd'hui assagie au point d'en être banale, s'acheminait peut-être vers quelque drame. [...]
[...] Elle écoutait la voix et cherchait à s'attacher aux paroles portées par la musique. Mais ses pensées la ramenaient sans cesse à cette première nuit passée avec Jacques, cette nuit au cours de laquelle son corps de femme s'était éveillé une seconde fois au plaisir. S'embrasser dans les rues désertes ou sous les arcades baignées d'une brume gluante, c'était une chose. Mais se retrouver seule avec lui dans l'appartement où il vivait seul lui aussi, c'était autre chose. Avant lui, elle avait même songé à se tuer. [...]
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