Résumé de l'Ebook:
[...] On souhaite sincérement que Nietzsche n'en ait jamais rien su. Verso de la page, jamais tournée en public. Il faut le lire quand même. Les Wagner admirent Nietzsche lorsqu'il se soumet à leur service, ce qui ne les empêche pas dès le départ, et même ce qui les stimule d'autant, à le mépriser et à le rabaisser pour ce qu'il est lui-même, indépendamment d'eux. Notons bien que pour l'instant, il n'est pas même question qu'il soit contre eux. Voilà l'amitié 58 que Wagner aura donnée au jeune professeur : elle est loin de n'être qu'à son honneur, il ne sied pas de la taire. [...]
[...] Le comble d'une méprise, c'est évidemment quand on ne l'aperçoit même pas Chez Nietzsche, on trouve tout le contraire. La méprise est rapidement cernée. Aussitôt elle devient une mine d'interrogations lancinantes. Sa responsabilité est visiblement partagée. Un fragment de l'été 1885 reconnait expressément, et de façon aussi honnête qu'émouvante, sa pleine responsabilité : "Il importe peu désormais que l'on sache ce qu'autrefois j'attendais vraiment de Richard Wagner (bien que le lecteur de ma Naissance de la tragédie ne dût avoir aucun doute à ce sujet) et même que la nature de mon exigence m'ait permis de montrer de manière en effet la plus radicale à quel point je me trompais sur lui et sur ses capacités. [...]
[...] C'était inévitable : Nietzsche est conquis, il est devenu wagnérien. L'aspect inverse n'en doit pas moins continuer de surprendre : comment un penseur au regard aussi fin, aussi pénétrant, aussi lucide et intelligent a-t-il pu ne pas déjouer le sortilège presque aussitôt, ou du moins peu après ? Il faut toutefois ne rien exagérer : on l'a vu, en 1874 Nietzsche sait écrire son absolu désaccord. Avant cette date, le désaccord théorique est déjà réel, mais reste implicite : alors il n'ose pas se l'avouer en clair, mais comment ferions-nous pour croire qu'il ne s'aperçoit pas lui-même de l'incompatibilité de ses propos avec les positions wagnériennes ? [...]
[...] En face de cela, la musique n'est nullement la copie des Idées, mais celle de la Volonté elle-même, encore antérieure logiquement aux Idées en lesquelles cette dernière s'était déjà objectivée. La musique, écrit Schopenhauer, "n'est donc pas comme les autres arts, une reproduction des Idées, mais une reproduction de la Volonté au même titre que les Idées elles-mêmes. ( ) c'est la même Volonté qui 288 s'objective dans l'Idée (domaine des arts plastiques) et dans la musique " (Le vouloir-vivre p.152). [...]
[...] Que la musique ait tôt compté dans la vie de Nietzsche, n'a plus besoin d'être démontré. C'est d'elle qu'il confie tirer ses joies les plus profondes, du piano en particulier sur lequel il a acquis un talent incontesté, des maîtres aussi qu'il admire le plus, parmi lesquels le nom de Wagner n'apparait jamais : "Trois choses me servent de réconfort, mais de trop rare réconfort : mon Schopenhauer, la musique de Schumann, enfin les promenades solitaires", écrit-il à Gersdorff en avril 1866. [...]
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