Breuzard Michel, Le Roman de Clément Varennes

Résumé du document

Résumé de l'Ebook:

Extraits

[...] Après quoi, il alla se noyer dans le métro. Les rues de Saint-Ouen, grises, sentaient le goudron et le mauvais brouillard. Les gens se hâtaient vers leur labeur, encore enlisés dans des lambeaux de rêve. Clément prit sa carte et pointa (Saint Lambert, priez pour nous avant d'aller revêtir sa blouse bleue et s'installer devant sa machine toute chaude encore des soins d'Arsène Jouval, qui assurait la permanence de 481 nuit, à longueur d'année. Une interminable asperge mélancolique qui n'avait d'autre ambition que de bien faire son travail, tranquille, alors que les bureaux déserts s'alignaient autour de lui. [...]

[...] Après quoi, il prit la direction du centre ville. C'est un remontant la rue Saint-Spire, déserte à cette heure, qu'il vit venir, sur le trottoir, une ombre qui avançait non sans difficulté. Elle titubait et devait parfois se raccrocher au mur pour ne pas s'étaler. Jean reconnut Monique Ravel. Tournier jugea qu'il devait s'arrêter. Il stoppa la voiture à la hauteur de la jeune fille et descendit pour se rapprocher d'elle. C'est là qu'il s'aperçut qu'elle pleurait, comme on dit, à chaudes larmes. [...]

[...] Mais déjà Romain l'avait saisie par les hanches et assise sur la table. Il renifla, se penchant sur elle : Il faut toujours qu'il exagère ! Je vous trouve, pour mon goût, très savoureuse Mais enfin ! Il attira la fofolle vers lui. Elle se retrouva embrochée jusqu'aux oreilles sans avoir eu le temps de protester. Mais en avait-elle envie ? Il lui fit subir les pires avanies, sur la table, sur la carpette, debout, à quatre pattes, la transforma en loque essorée avant de la jeter sur le palier, comme un paquet mal ficelé et lui avoir clamé aux oreilles : Maintenant, pétasse, tu dégages et tu ne remets jamais les pieds ici ! [...]

[...] Il ne te manque plus que les plumes ! Tu sais où tu peux te les mettre, tes plumes ! A toute petite allure, ils gagnèrent leur hôtel où les dames s'exclamèrent devant son apparence. On parla de quérir un docteur, mais Clément ne voulut rien savoir, ce en quoi il eut tort car, après quelques jours, alors que leur séjour se terminait, il dut se rendre à l'évidence. En dépit de la pommade vendue par le pharmacien dont il se tartinait le coude tous les matins, les écorchures ne guérissaient pas et l'ensemble prenait même une teinte bleuâtre du plus malsain effet De toute façon, les vacances étaient finies. [...]

[...] Certes, sa vie n'était pas facile, car elle devait se heurter aux rancœurs du village, des femmes surtout, orchestrées par Mémère Varennes qui tirait avec volupté les ficelles cancanières des Lucets. La vigoureuse vieille dame en profitait pour fustiger sa belle belle-fille qu'elle associait, en un saisissant raccourci, à la blonde fautive : Qui se ressemble s'assemble ! énonçait-elle, sentencieuse. Maman en aurait hurlé de rage et Clément attendait l'instant où elle lui lancerait des objets au visage. Il n'en était rien car la mère du petit garçon ne voulait pas commettre l'irréparable. [...]