Boyer Paul Louis, Résonances du temps

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Extraits

[...] Mais un jour qu'elle était câline Son bel ami s'en vint danser Avec un cœur en mandoline Prés d'elle toute enamourée. Dans les volutes du quadrille, Quand la tête et l'âme vacillent Il fut tué son tant aimé Tout prés des marches du palais Et tout fut pareil à la nuit Son amoureux perdu toujours Plus jamais rien ne vaudra lui Les autres viennent au gré des jours Qu'importe lui, plutôt qu'un autre, Quand sonne la cloche du jour La douleur est apôtre Des sans logis de l'amour. [...]

[...] Couverts d'argile Et gris de glaise Lourds de terreurs et de malaise Pour des nuits et des jours, En fuite sans recours. * Ils fracassent en passant Les horreurs rassasiées De nos consentements Ainsi parlait Casanova Chacune nous délivre De nos passions en deuil Elles viennent feuilles à feuilles Et toutes sont un livre Puis elles posent en passant Leurs fragiles beautés Et le temps Page à page Nous garde le secret De leur tendre visage. Mais bientôt nous plongeons Dans l'antre de misère De nos plaisirs amers Changeants et polygames Et lorsque nous ouvrons Le cœur des gentes dames Nous recherchons en vain Le paradis perdu Qui est amour sans fin Et passion assidue Sur ma tombe Lichens sombres Et mousses grises Sur ma tombe Avaient main mise, Mais un matin Elle vint Au mois de Juin Et sur ma tombe repoussent Tous les lichens et les mousses Dans la couleur verte et bleue Qui est celle de ses yeux La romance de Clara Quand la fin de la nuit approche, Clara désole ses amants, Elle pleure en écoutant les cloches Qui la bercent au soleil levant. [...]

[...] D'un regard amical il est en quête Et dans la ronde des saisons Comme il a le ciel dans la tête Il le met en chansons ; Prés des clapotis d'une eau claire Sous un pont, il s'est endormi Mais l'eau, dans la glace, en hiver L'a enfermé dans un logis Où ses grands yeux ouverts, ne trouvent plus le ciel Dans la triste foule en guenilles Que tu es belle, insolemment Dans la triste foule en guenilles Vierge d'azur, dont les yeux brillent En prenant la main des manants. Pourquoi donner un air sauvage A tes regard posés sur moi, Alors que tu donnes en servage Ton cœur, aux gueux, sans foi ni loi ? Avec leur yeux de tarentule Qui te regardent, l'œil grivois, N'as-tu pas vu les pustules Que tu tritures entre les doigts ? [...]

[...] Grâce aux transferts de la lumière Sous les étincelles du ciel S'accomplit la merveille La chair devient amour et l'amour devient chair ENVOI Comme paraissent fuir les vagues de la mer Dans une eau immobile, Ainsi s'enfuit l'amour, et la chair et le temps Dans l'éternel présent de la lumière ; Car, seule existe la lumière L'Atlantide, une poétique de l'Espace Tandis que s'engloutissent En échos souterrains Les formes ciselées de ces mondes incertains Sur fond de mon visage La double image D'espaces sans fins S'inscrit au creux d'une glace sans tain Chuchotements Dans vos chuchotements, J'expire en chaloupant comme chaland Chavire. Quels chaleureux embrasements Avaient vos longs chuchotements, Dans leur musique délicate, Quand vos mains expertes et sans hâte, Sur le voyage des oiseaux du temps, Versaient les filtres enivrants ! Lentes respirations des désirs Assouvis, au souffle de l'esprit ! [...]

[...] Envoi Regardez et admirez Cette enlaçante créature, Pardonnez sa désinvolture Et son air de littérature ! 27 Généalogies Ancêtres trépassés, Que vos ombres reviennent, Peuples et légions glacés Des mémoires anciennes, Vous êtes les premiers dans l'ordre souverain Des morts et des vivants, longue chaîne sans fin. Dans vos mortes saisons, Grâce au dessin de l'arbre Où s'attachent vos noms, Nous édifions pour vous Des reposoirs de marbre. Chanson Quand du passé viennent les vents De nos parentèles, Entre les bornes du temps, Les belles jouvencelles Jouent à la marelle Et aux anciens guilledoux De leurs premiers rendez-vous Aux hommes premiers Jeune homme mégalithe Dresse immortel l'esprit Des forgerons de pierre Dans les alignements De ton granit debout. [...]