Inspiré par Claude Bernard, Hippolyte Taine et par les travaux du Docteur Lucas sur l'hérédité (L'Hérédité naturelle), Zola illustre ici son projet naturaliste. Jacques est déterminé par le milieu et l'hérédité. L'auteur valide la théorie déterministe en mettant Jacques « en situation ». Loin de s'appuyer sur une intrigue hasardeuse, le récit prend la forme de l'expérience. On sait que la tare, la « fêlure » héréditaire, affecte plusieurs membres de la branche des Macquart, sous forme de violence et de névrose criminelle. Il est logique que les meurtres crapuleux, passionnels, et que les viols s'enchaînent. Le suicide de Flore et le déraillement complètent ce tableau tragique. Comme dans ses autres romans naturalistes, Zola met en place des descriptions réalistes et « objectives » sans sombrer dans des inventaires fastidieux. Il donne la priorité aux situations, aux lieux et aux points de vue les plus significatifs. Il évoque ainsi les deux gares Paris Saint-Lazare et Le Havre, la vie des dépôts ferroviaires, la technique de la locomotive, sa progression tout au long du parcours, le monde vu du train, le train vu de la voie, les tunnels (l'un entre Barantin et Malaunay où se situent les drames du roman et l'autre, celui du Roule à Gaillon, le dernier à Bonnières). Zola lui-même a accompagné un chauffeur de locomotive sur le trajet de Paris à Mantes. Le chemin de fer n'est pas qu'un décor, il est toujours associé aux points de vue des personnages. Le roman est naturaliste par le refus de Zola d'idéaliser le réel. Le récit, ménageant souvent des attentes dramatiques comme dans la scène du déraillement, n'économise aucun détail horrible, quitte à choquer les lecteurs et le « bon goût » : meurtre de Grandmorin, assassinat de Séverine, suicide de Flore. A l'époque, le sang et les couteaux sont à la une de la nouvelle presse à sensation ou des romans policiers lus par un public avide d'émotions fortes.
La structure du roman repose sur deux grands moments : l'assassinat de Grandmorin et le meurtre de Séverine par Jacques. Mais le roman comporte d'autres instants déterminants : les aveux de Séverine, l'un à Roubaud l'autre à Jacques, l'immobilisation de La Lison dans la neige et celui du déraillement où Zola joue avec le temps, le rythme et les regards des personnages pour dramatiser la scène à l'extrême. Il utilise un raccourci cinématographique pour présenter les points de vue successifs des protagonistes du drame.
[...] Les ménages et les liaisons se font et se défont tandis que Pecqueux, Jacques et La Lison forment, selon le mot de Zola, un ménage à trois Marqué par la jalousie et capable de violence, Roubaud organise rigoureusement le meurtre de Grandmorin, malgré ses apparences d'employé modèle du chemin de fer. Pour ne pas être compromis, il accepte la présence de Jacques qui en sait trop auprès de Séverine. Celle-ci, fille plutôt ingénue, soulève les passions et la violence autour d'elle. [...]
[...] Zola, La bête humaine 1. Une illustration du naturalisme 2. Fêlure héréditaire et bête humaine 3. Personnages et crimes 4. Une dimension épique 5. Une force mécanique indifférente 6. Originalité et pessimisme Une illustration du naturalisme Inspiré par Claude Bernard, Hippolyte Taine et par les travaux du Docteur Lucas sur l'hérédité (L'Hérédité naturelle), Zola illustre ici son projet naturaliste. Jacques est déterminé par le milieu et l'hérédité. [...]
[...] Fêlure héréditaire et bête humaine Le titre du roman suggère la violence et la bestialité. La métaphore animale est centrale dans le texte et caractérise la plupart des personnages. Roubaud tue Grandmorin par jalousie ; lui-même avait violé la jeune Louisette. Il est qualifié de cochon lorsque Roubaud l'égorge. Cabuche est un vagabond quelque peu demeuré. Bête violente il a déjà été meurtrier. Misard, le garde-barrière, empoisonne sa femme. Flore est une fille sauvage et rude, comme la région désolée de La Croix-de-Maufras. [...]
[...] Il s'enfonce dans la nuit, même s'il fascine par la poésie et l'épopée de la thermodynamique. La fin du roman s'achève par la critique de la bestialité industrielle et militaire qui annonce le XXe siècle. Quant à la justice, elle est elle-même corrompue puisqu'elle ne démasque pas les coupables. Quelques années plus tard, en 1897, Zola dénoncera le mécanisme judiciaire qui avait condamné Dreyfus. Loin de l'espérance exprimée dans son dernier roman, Le Docteur Pascal, Zola révèle plutôt la conjonction étonnante de la fatalité la plus obscure et de la modernité technologique. [...]
[...] Elle était morte. Ce colosse broyé prenait l'affreuse tristesse d'un cadavre humain, énorme, de tout un monde qui avait vécu et dont la vie venait d'être arrachée, dans la douleur.» Quant à la nouvelle machine de Jacques, elle est plus indocile que la précédente : sa nouvelle machine dont il avait le pucelage et qu'il commençait à bien connaître, n'était pas commode, rétive, fantasque, ainsi que ces jeunes cavales qu'il faut dompter par l'usure.» A la fin du roman, Jacques succombe sous ses roues après sa bagarre avec Pecqueux. [...]
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