La poésie est ce qui provient d'une inspiration spontanée qui représente le monde tel qu'on le découvre la première fois, d'où l'irrationalité imaginative de la poésie. Depuis le romantisme, la poésie a donc été de plus en plus conçue comme un retour au monde de l'enfance, comme une nostalgie de cet état de grâce. « Il y a les poètes et les grandes personnes » amène à réfléchir sur l'enfance et la vision particulière qu'à l'enfant ; sur ce qui change quand on devient adulte et pourquoi, sur ce qu'apporte l'enfant à la poésie ; et finalement, nous nous demanderons si la poésie n'est que cela, c'est-à-dire un regard nouveau sur les choses
[...] Ils doivent nous faire réaliser nos manques, et nous faire comprendre que nous avons bien souvent pris la mauvaise route. Ils doivent nous faire retrouver l'enfant qu'il y a toujours en nous et que nous avons simplement perdu en chemin, au contraire des poètes qui ont su garder leur monde, propre, unique et lucide. [...]
[...] Je lui parlais de bridge, de golf, de politique et de cravates. Et la grande personne était bien contente de connaître un homme aussi raisonnable Les grandes personnes ne s'intéressent qu'à l'esprit matériel des choses. Le fait qu'elles ne voient dans le dessin rien de plus qu'un chapeau montre qu'elles ont perdu toute faculté d'imagination, d'inventivité et qu'elles ne savent pas voir derrière les apparences. Et ces grandes personnes deviennent ainsi car elles subissent l'éducation, l'apprentissage de la morale, elles apprennent la réalité du monde des adultes, laid et corrompu. [...]
[...] La poésie ne condamne pas mais pose une situation et permet à chacun d'y voir ce qu'il veut, donc de s'exprimer et d'être au sens d'exister. Pour le poète, les choses, les êtres méritent d'exister pour ce qu'ils sont. Au contraire de l'adulte, qui accepte la réalité telle qu'elle est, la poésie ne doit plus être une peinture un reflet, souvent maniaque, de la réalité. La poésie doit être une recherche sur la réalité sans cesse remise en cause : dire la même chose, mais essayer toutes les façons possibles de le dire autrement. [...]
[...] L'enfance est l'âge ou l'on vit de plain-pied avec les êtres et les choses. L'enfant est comme l'Orient en quelque sorte : il contemple ; au contraire des adultes qui sont toujours en train d'agir, de décider, de mener. Ils bougent sans cesse, surmenés, stressés, ils sont l'Occident. Or, l'inspiration est à puiser dans la faculté de contemplation, comme chez les orientaux. Dans la philosophie orientale, l'action est à proscrire. C'est la seule façon de savoir regarder et apprécier un courant d'air, l'envol d'un oiseau C'est ce que montre Fujiwara no Sadaie dans un Shin Kokinshû : Arrêtant mon cheval Je secoue mes manches. [...]
[...] L'artiste, c'est le poète qui sort des routes banalisées et balisées. Il veut brouiller ce que le monde logique a édifié, tout comme le poète le fera plus tard à l'aide des figures de style comme l'hypallage, ou encore l'oxymore qui sont une façon de montrer que les choses se fondent les unes dans les autres, que tout n'est pas simple, et qui permettent de réhabiliter une vision sensible : Et, comme le soleil dans son enfer polaire, Mon cœur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé (Baudelaire, Les Fleurs du Mal, Chant d'automne, I). [...]
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