Sciences humaines et arts, XXIe siècle, fin de la civilisation du livre, société de l'image, divertissements interactifs, jeux vidéo, support de diffusion des idées
Les succès planétaires de livres comme Harry Potter ainsi que les batailles renouvelées chaque année à propos des prix littéraires devraient déjà nous alerter : le livre est de plus en plus un objet de consommation, que l'on peut même désormais acheter dans les rayons des hypermarchés. En même temps, l'essor de l'internet et du multimédia, des jeux vidéo et des divertissements interactifs ou virtuels ne fragilise-t-il pas le recours à l'écrit ? La civilisation du livre a-t-elle quelque chose à craindre d'une civilisation de l'image ? Il convient de ne pas être naïf : l'image, aujourd'hui, est omniprésente, c'est elle qui constitue le principal support de diffusion des idées ; l'écrit est devenu un objet second et secondaire. Néanmoins, le texte, notamment matérialisé dans l'objet-livre, a un mérite, reconnu par tous dans une société où l'image a créé un tempo d'une rapidité folle : il permet la réflexion, la lenteur, et joue par conséquent un rôle toujours important, et même peut-être crucial pour la propagation de l'instruction.
[...] Paradoxalement, l'industrie du visuel a fait de l'œil le nouvel organe du préjugé et de la non-réflexion. Le développement du bruit, la rapidité des tâches, le culte de l'information en temps réel et de l'actualité se sont ainsi attaqués à ce qui faisait l'intérêt de l'écrit : la capacité d'introduire un recul. Le livre est ainsi devenu pour la société de consommation et la société de spectacle un véritable ennemi, un résistant qu'il faut parfois abattre : dans le domaine scolaire, les enseignants, impuissants et résignés, savent que leurs élèves passent désormais plus de temps devant un écran que devant un livre, voire devant le monde réel lui- même. [...]
[...] Debray) Pour approfondir R. DEBRAY, Cours de médiologie générale, Gallimard P. FRESNAULT-DERUELLE, L'éloquence des images, RUE M. FUMAROLl, L'Etat culturel, essai sur une religion moderne, De Fallois, 1991. [...]
[...] Comme le souligne Régis Debray dans son Cours de méthodologie générale, nous vivons un XVI' siècle à l'envers : le livre en est le témoin et le pivot, si l'on peut dire. Le XVIe siècle comme le XXe siècle ont été des siècles catastrophiques, mais ont en même temps introduit des progrès nouveaux et durables. Avec la diffusion de l'imprimerie, le développement très progressif de l'instruction et des sciences, le XVI' siècle a fait du livre le moyen d'une expansion de la civilisation occidentale : il a assuré le marché des idées. [...]
[...] Le XXIe siècle signe-t-il la fin de la civilisation du livre au profit de la société de l'image ? Les succès planétaires de livres comme Harry Potter ainsi que les batailles renouvelées chaque année à propos des prix littéraires devraient déjà nous alerter : le livre est de plus en plus un objet de consommation, que l'on peut même désormais acheter dans les rayons des hypermarchés. En même temps, l'essor de l'internet et du multimédia, des jeux vidéo et des divertissements interactifs ou virtuels ne fragilise-t-il pas le recours à l'écrit ? [...]
[...] Car le livre suscite l'imagination du lecteur. C'est en cela qu'il sera toujours considéré comme subversif et surveillé par la censure ou les intérêts juridiques. Les essais politiques, mais aussi les biographies d'hommes célèbres s'accompagnent parfois d'enjeux très importants : c'est bien la preuve de la puissance de l'écrit et du livre. Les mises en cause de la stratégie éditoriale du journal Le Monde par Pierre Péan ont bien failli porter un coup fatal au journal ; les essais sur le déclin de la France, sur la corruption du pouvoir politique font plus qu'alimenter les scandales médiatiques : ils font partie du fonctionnement même de la démocratie. [...]
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