Louis-Ferdinand Céline, Voyage au bout de la nuit, Bardamu, Robinson, confins de l'horreur, Première Guerre Mondiale, descente aux enfers, rapport à la mort, Afrique
Le roman qui nous intéresse est le plus connu du répertoire de Céline. Ferdinand Bardamu, le narrateur, voyage à travers le monde. Il est soldat durant la Première Guerre, guerre que Céline qualifie d'« abattoir international en folie ». Ce premier récit peut être lu comme une dénonciation des horreurs de la guerre.
Plus qu'un voyage physique à travers les pires pourritures et détresses du monde, c'est un voyage psychologique pour Bardamu et le lecteur. Un voyage qui amène Bardamu à se demander vers où est-ce qu'il est poussé et ce qu'il trouvera au bout [de la nuit] quand ce sera terminé. Parce que, oui, Bardamu est persuadé que cette descente aux Enfers va forcément se terminer, ne serait-ce qu'au moment de sa mort.
[...] Plus qu'un voyage physique à travers les pires pourritures et détresses du monde, c'est un voyage psychologique pour Bardamu et le lecteur. Un voyage qui amène Bardamu à se demander vers où est-ce qu'il est poussé et ce qu'il trouvera au bout [de la nuit] quand ce sera terminé. Parce que, oui, Bardamu est persuadé que cette descente aux Enfers va forcément se terminer, ne serait-ce qu'au moment de sa mort. C'est dans un esprit lié à cet axe de lecture (ou "Comment Bardamu est poussé jusqu'aux confins de l'horreur") que déclare le philosophe et écrivain Georges Bataille : Le roman déjà célèbre de Céline peut être considéré comme la description des rapports qu'un homme entretient avec sa propre mort, en quelque sorte présente dans chaque image de la misère humaine qui apparaît au cours du récit . [...]
[...] Il revient en France pour exercer sa profession de médecin, dans les banlieues. Il est confronté à la même déchéance que partout ailleurs. Les Français, autant que les Américains, semblent poussés vers la mort. La mort est le sort prématuré de Robinson, un personnage rencontré à chaque étape importante de la vie de Bardamu. Il est presque un double du narrateur, sinon qu'il est peut-être encore plus dans la déchéance. J'expliquais que les Américains et les Français étaient comme poussés vers la mort. [...]
[...] Là encore, nous pouvons constater que la vie de Bardamu s'est retrouvée proche de sa fin. Ferdinand, bien qu'il soit poussé vers le bout de l'horreur, de la nuit, poussé vers la mort, arrive à rassembler assez de force pour sortir de sa cabine et berner les passagers. Et il côtoie la mort d'au moins aussi près en Afrique, entre les maladies et les dangers. Alors qu'il était quasiment mort en Afrique, Bardamu continue à être étonné de la capacité des hommes à accélérer leur mort entre eux. [...]
[...] Alors si c'est bien sûr évident qu'ils partiront tous, le plus étrange est que Céline décrit les hommes comme s'ils étaient attirés par la mort. En Afrique, ce qui m'a frappé, c'est plus l'absence d'amour et de respect pour la vie des personnages. Par exemple, comment qualifier le simulacre de justice que les colons imposent aux locaux ? N'y a-t-il aucune vertu chez qui que ce soit ? De l'empathie ou de la tolérance ? A travers le manque de respect de la vie, je vois une banalisation de la mort. [...]
[...] Les ouvriers, morts-vivants, semblent toutefois trouver un plaisir éphémère, un éclair de vie, dans les bordels. En tant que médecin, Bardamu sera confronté à une fascination de la mort. Cette attirance l'empêchera même d'accomplir son travail au mieux. Je pense évidemment à la scène où, à trois étages d'un bâtiment de Rancy, trois personnes meurent en même temps. Pendant que Bardamu échoue à les sauver les uns après les autres, tout le voisinage va dans la cage d'escalier pour observer l'échec de Bardamu de garder en vie le petit Bébert et les autres. [...]
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