Zadig est un jeune homme plein d'humanité et de moralité qui sait dominer ses passions. Premier ministre du roi Moabdar, il fait « sentir à tout le monde le pouvoir sacré des lois », comme l'écrit Voltaire au chapitre VI. Mais comme Candide, il ressent douloureusement, dès le début du conte, la distance entre l'idéal et la réalité. Il éprouve des désillusions en amour et la connaissance intellectuelle lui attire des ennuis. Quand il parvient à exercer sagement le pouvoir, il devient la victime de la jalousie des autres. Ces épreuves multiples – la trahison, la jalousie, l'esclavage, la découverte de la légèreté des femmes, de la sottise des hommes, de la corruption des juges, de la bassesse des courtisans, de l'aveuglement des hommes au pouvoir et du dogmatisme religieux – sont autant d'étapes du roman d'apprentissage, de formation. Il s'agit donc de s'efforcer d'accepter le monde en y intégrant le mal. Zadig exprime les interrogations personnelles de Voltaire, tout en révélant son esprit philosophique. Il est ouvert aux sciences.
Les autres personnages sont surtout des types. Les femmes sont souvent jugées frivoles et infidèles. Astarté a le plus de charme, de personnalité, et sert de fil directeur au récit, puisque Zadig s'efforce de la retrouver. Le roi Moabdar est instable : s'il est avisé dans les premiers chapitres, sa jalousie le pousse ensuite à exécuter Zadig et Astarté, sa propre femme. Il devient prisonnier de ses passions et Zadig est alors victime de multiples rivaux aussi méchants que médiocres : Yébor, Arimaze et surtout Itobad, dont il parvient à triompher à la fin du conte. Quant aux interlocuteurs de Zadig, rencontrés tout au long de son parcours, nous retiendrons Arbogad pour son cynisme, les personnages que Zadig parvient à rallier à la sagesse et à la raison, et enfin l'ange Jesrad, qui apparaît sous les traits d'un ermite qui apporte une révélation philosophique essentielle sur l'ordre du monde.
[...] Mais dans Zadig, Voltaire ne tourne pas encore en dérision les idées de Leibniz. Il croit en une sagesse possible, d'abord par abstention, dans les premiers chapitres : renoncer au mariage, à la connaissance et au pouvoir, puis accepter les épreuves qui prodiguent une certaine connaissance du monde. La modernité et la facilité du conte Zadig présente une dimension argumentative et philosophique mais dans une forme inhabituelle à ce dessein, celle du conte. Un traité, un essai, un discours, un dictionnaire, conviendraient mieux à l'objectif poursuivi. [...]
[...] Il faut donc s'adapter au monde tel qu'il est et surtout, comme il va expression qui fournit un titre à un autre conte de Voltaire, dont le propos philosophique est analogue. Au chapitre XVII, un ermite accomplit de mauvaises actions : vol, incendie meurtrier et assassinat, pour ensuite expliquer, sous les traits de l'ange Jesrad, qu'il n'y a point de mal dont il ne naisse un bien Il existe donc un ordre de l'univers, une logique dissimulée qui va dans le sens d'un plus grand bien. Même si le monde apparaît à chacun comme un chaos, ce n'est qu'apparence. Les malheurs de tous sont en fait dépassés. [...]
[...] Zadig est celui qui fait la lumière, résout les énigmes, dénonce les rites religieux présentés par Voltaire comme incompréhensibles, analogues aux cérémonies politiques absurdes du chapitre XVIII dans Candide. Le merveilleux oriental est dominé, sans tapis volants ni lumières magiques. Mais Voltaire lui laisse libre cours, en particulier dans les chapitres X à XVI, et celui-ci fait alors obstacle au bonheur de Zadig. Les caprices orientaux de Missouf s'opposent à la raison et à la sagesse d'Astarté, personnage lumineux que Zadig finit par épouser à la fin du conte. [...]
[...] Voltaire ne montre que la forme des rites qu'il isole du reste, en les vidant de leur sens. Il utilise aussi l'ironie qui consiste à feindre d'approuver ceux qui ont le mauvais rôle. Au chapitre XI, Sétoc déclare par exemple : Qui de nous osera changer une loi que le temps a consacrée ? Y a-t-il rien de plus respectable qu'un ancien abus ? Passant enfin de la critique à l'amusement littéraire, Voltaire emploie la parodie, c'est-à-dire la copie comique, en imitant la grandiloquence, l'emphase de certains discours, le ton du roman sensible et larmoyant, les clichés pathétiques et les stéréotypes des romans d'amour à la mode. [...]
[...] Zadig exprime les interrogations personnelles de Voltaire, tout en révélant son esprit philosophique. Il est ouvert aux sciences. Les autres personnages sont surtout des types. Les femmes sont souvent jugées frivoles et infidèles. Astarté a le plus de charme, de personnalité, et sert de fil directeur au récit, puisque Zadig s'efforce de la retrouver. Le roi Moabdar est instable : s'il est avisé dans les premiers chapitres, sa jalousie le pousse ensuite à exécuter Zadig et Astarté, sa propre femme. [...]
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