Au chapitre XXV de Candide, Voltaire fait dire au noble vénitien Pococurante que Candide, interroge sur ses goûts littéraires : "Les sots admirent tout dans un auteur estimé. Je ne lis que pour moi ; je n'aime que ce qui est à mon usage."
[...] Les témoignages des écrivains sur leurs lectures sont nombreux : Les Essais de Montaigne notamment), Les Mots de Sartre. Plan. I. L'inégalité du talent des écrivains Les carences des grands auteurs Les erreurs du snobisme et de la sottise Les contraintes commerciales II. Un manifeste pour la lecture Ne lire que pour soi N'aimer que ce qui est à son usage Le plaisir solitaire III. Les excès Celui qui ne lit que ce qui lui plaît, je le vois bien seul Ne lire que des ouvrages réputés. [...]
[...] Je ne lis que pour moi ; je n'aime que ce qui est à mon usage. Cet homme contredit les idées reçues : les œuvres des grands écrivains connaissent un succès certain, et les enfants, à l'école, apprennent à lire autrement que pour leur propre plaisir. Leur programme comprend des auteurs estimés dont on attend qu'ils apprécient le talent. Le jugement de Pococurante pose en fait deux problèmes : celui de la valeur des écrivains, qui selon lui varie d'une page à l'autre, et celui des mobiles de la lecture. [...]
[...] Encore faut-il nuancer l'opinion du noble vénitien ; il nous met en garde contre les tentations de snobisme ou l'absence d'esprit critique, mais son désenchantement, perceptible dans le chapitre XXV, le rend trop exigeant. Voltaire n'adoptait d'ailleurs pas tous ses jugements sur les auteurs, et épargnait Milton par exemple. En fait, Pococurante a tout lu, ou croit avoir tout lu. Son univers est borné, son bonheur tient à des plaisirs connus, répertoriés. Il a perdu ce goût de la nouveauté que satisfait la littérature. [...]
[...] Celui qui ne lit que ce qui lui plaît, je le vois bien seul cette citation d'Alain signifie que le narcissisme du lecteur l'enferme, l'empêche de sortir de lui-même et de connaître des plaisirs nouveaux. Car il est appauvrissant de s'en tenir à ses propres goûts, qui sont parfois autant de préjugés. Bossuet, aveuglé par les règles de bienséance, ne comprenait pas les farces de Molière : Dans ce sac ridicule où Scapin s'enveloppe, Je ne reconnais plus l'auteur du Misanthrope. [...]
[...] Je ne lis que pour moi ; je n'aime que ce qui est à mon usage. Partagez-vous cette conception de la lecture? Notes. Le personnage de Pococurante a goûté à tout ; il est très riche, comblé par la vie. N'ayant rien à souhaiter, ayant lu tous les livres, il peut se permettre d'échapper au snobisme qui fait admirer les grands auteurs par souci de plaire au grand nombre ou de montrer sa culture. Candide en revanche est sous l'influence de son maître Pangloss, dont il reprend naïvement tous les jugements. [...]
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