L'apologue est un texte narratif à visée argumentative. Au travers de l'histoire, l'auteur cherche à faire passer ses idées au lecteur. Le plus souvent, il s'agit d'instruire ce dernier à travers une satire sociale, humaine, afin d'en montrer les défauts. La réflexion mène généralement à une morale qu'il s'agit, pour le lecteur, de déchiffrer. Le voile de la fiction est donc utilisé pour servir la cause de l'auteur qui préfère ce moyen d'exposer ses idées que les moyens directs tels les pamphlets, essais... Nous allons donc, au fil de notre réflexion, nous demander si le voile de la fiction s'avère toujours efficace pour amener la morale d'une fable (...)
[...] Cette représentation pousse souvent les adultes à prendre ces fables pour des récits enfantins, ne pensant alors trouver aucune subtilité à la lecture de ces textes. Le voile de la fiction enlève donc ces œuvres à la lecture des personnes qui sont censées être les plus à même d'en tirer la morale. Certes certaines œuvres ont été écrites pour les enfants car ce genre imagé peut permettre une expression simple, mais l'essentiel des œuvres fut à la destination des adultes. Ainsi les fables de la Fontaine n'ont-elles été destinées qu'en minorité à des enfants qu'il avait la tâche d'éduquer. [...]
[...] Cela permet de rendre le récit moins virulent et de pousser le lecteur, s'il est visé, à poursuivre sa lecture sans s'en offenser. Ce stratagème permet de faire passer la morale, même aux personnes visées, puisqu'elles vont être plus enclines à continuer leur lecture et vont peut-être s'identifier aux protagonistes de l'histoire. Car quelle est l'utilité de l'apologue si cette morale ne transparaît pas ? En effet, si ce voile de la fiction devient opaque, toutes ces démarches deviennent inutiles puisqu'elles cachent la morale, ôtant à l'apologue sa fonction principale : celle d'instruire. [...]
[...] De plus, la volonté de l'auteur de ne pas brusquer le lecteur en faisant une argumentation indirecte peut mener à de mauvaises interprétations. En effet, l'auteur veut que le lecteur analyse les situations auxquelles sont confrontés les personnages. Il s'appuie donc grandement sur la réflexion de ce dernier. S'il interprète mal, c'est toute l'argumentation qui en devient faussée. Les auteurs ont parfois recourt à certaines formes d'ironie, plus ou moins remarquables, à l'exemple de Voltaire dans Candide. Il y présente en effet la guerre comme un spectacle splendide, harmonieux, et utile par dessus tout. [...]
[...] Nous allons donc, au fil de notre réflexion, nous demander si le voile de la fiction s'avère toujours efficace pour amener la morale d'une fable. C'est pourquoi dans un premier temps nous étudierons les caractéristiques de l'apologue qui en font un moyen idéal pour véhiculer une morale, puis, dans un second temps, nous analyserons les éléments qui font que ce voile de la fiction peut desservir l'auteur en n'amenant pas le lecteur à la réflexion souhaitée. Ainsi, nous allons maintenant voir en quoi le voile de la fiction peut s'avérer utile. [...]
[...] Tout d'abord, l'intérêt du lecteur est attisé par de nombreux procédés au niveau de la forme, qui visent à faire de l'apologue un récit plaisant. Le premier est la longueur du texte : il se présente généralement comme un récit court, plus attrayant et plus encourageant à lire qu'un roman de plusieurs centaines de pages. De plus, les personnages y sont présentés en nombre limité pour que le lecteur approfondisse et se concentre sur le caractère de chacun. Le caractère des personnages est aussi rendu le plus simpliste possible : en effet, ils n'ont le plus souvent qu'un seul trait de caractère dominant, aisément identifiable. [...]
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