Les Contes de Charles Perrault ne sont pas seulement des "contes d'ogre et de fée", mais aussi le reflet d'une réalité historique et sociologique. Ainsi Perrault et Gustave Doré nous livrent avec ce recueil une vision de la société qui leur est propre. Nous verrons en quoi Perrault nous y fait voir une société très cloisonnée, puis en quoi il fait preuve d'une certaine fascination pour la cour et d'un certain mépris pour les milieux populaires mais aussi en quoi ces affirmations sont à nuancer. Enfin, nous verrons la place qu'accorde Perrault, en accord avec son temps, à la famille et à la femme dans la société.
[...] La vision de la société que nous livre Perrault est donc quelque peu ambiguë. Perrault semble nous peindre une société arriviste dans laquelle tout le monde veut toujours avoir plus, et une société fondée sur le paraître et l'argent. Mais la vision que semblent nous livrer Perrault et Gustave Doré sur les milieux très populaires est elle aussi à nuancer. En effet, le Petit Poucet peut être considéré comme un témoignage, une référence aux grandes famines du règne de Louis XIV. [...]
[...] Mais Perrault nous livre malgré tout la vision d'une société extrêmement cloisonnée. A première vue, il semble que les Contes de Perrault donnent à voir d'une part une certaine fascination pour la grandeur du roi Louis IV et la magnificence de Versailles, et d'autre part un certain mépris des classes populaires. En effet, on trouve dans le recueil de nombreuses descriptions de palais fastueux, renvoyant à la féerie qui régnait à Versailles. Ainsi Perrault se plait à décrire le luxueux château du père de Peau d'Âne ("dans son vaste et riche palais// ce n'était que magnificence; partout y fourmillait une vive abondance// de courtisans et de valets; il avait dans son écurie// grands et petits chevaux de toutes les façons; couverts de beaux caparaçons// roides d'or et de broderies"), tout comme la métairie du père du futur époux de Peau d'âne ("poules de barbarie, râles ( . [...]
[...] L'expression "rouges et noires pattes" donne à penser que dans ces contes, alors que princes et princesses possèdent une distinction naturelle qui leur permet d'être reconnus même sous l'habit le plus vil, les pauvres gens sont dépourvus de toute grâce et de toute beauté. II) Critique d'une société fondée sur le paraître et sur l'argent et aspiration à la vie simple Cependant ces affirmations sont à nuancer. En effet, Charles Perrault, malgré sa fascination pour le luxe et la magnificence, nous brosse le portrait d'une société essentiellement fondée sur le paraître et sur l'argent, qui semble cacher une critique. Ainsi, le thème du mariage intéressé revient constamment dans le recueil. [...]
[...] D'autre part, dans Grisélidis, Perrault semble par le biais du portrait de la bergère et de son père, mettre l'accent sur la vertu d'une modeste condition. En effet, lorsque Grisélidis est chassée par le prince, elle s'adresse ainsi à son père : "retournons, lui dit-elle, en nos sombres bocages, ( . et quittons sans regret la pompe des palais; nos cabanes n'ont pas tant de magnificence, mais on y trouve avec plus d'innocence, un plus ferme repos, une plus douce paix". [...]
[...] Cependant Gustave Doré se distancie avec humour de cette fascination de Perrault puisqu'il fait la caricature du règne de Louis XIV dans la première gravure illustrant Peau d'Âne, une représentation humoristique de la cour et des grands de l'Etat. Quant aux milieux populaires, Perrault en fait de façon générale la satire, notamment dans le Maître Chat mais surtout dans les Souhaits Ridicules. Dans ce conte, le bûcheron et sa femme sont décrits comme emportés, imprudents, impulsifs et excessivement ambitieux puisque Blaise n'a d'autre souhait que de devenir roi, et sont tournés en ridicule. [...]
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