Dissertation niveau 1ere S sur le thème de la violence au théâtre en 3 parties.
[...] Les imprécations d'Agrippine au dernier acte résonnent comme une reconnaissance du pouvoir politique de l'Empereur. De même chez Corneille, le dernier vers du Cid « Laisse faire le temps, ta vaillance et ton roi » efface le duel et semble laver Rodrigue de toute faute, le public suppose même un mariage possible avec la fille de sa victime. Telle est en effet la limite de la violence au théâtre : elle peut présenter des actes horribles et les légitimer sous prétexte de l'honneur ou de la nécessité politique. [...]
[...] Victor Hugo dans Ruy Blas montre le silence imposé aux petits de façon violente. Le dramaturge peut jouer sur tous les moyens de la représentation pour la faire ressentir. Elle a longtemps été racontée, surtout par souci de bienséance. Aristote donnait ce conseil dans sa Poétique : « il faut que la fable soit composée de telle sorte que, même sans voir, l'auditeur des actions frémissent et ait pitié. » La narration peut servir de punition, comme dans Phèdre de Racine ou le long récit de Théramène sur la mort d'Hippolyte cause l'affliction du roi Thésée qui a maudit son fils trop rapidement. [...]
[...] La violence peut créer un effet inverse et la catharsis dépend des choix du dramaturge comme du metteur en scène. Elle peut choquer et provoquer des réactions de dégoût non pas des bourreaux mais du spectacle lui-même. Ce fut le cas de Vincent Macaigne qui réussit par l'excès de scènes violentes dans Requiem 3 à chasser les spectateurs. TS Elliot qualifiera à ce sujet Titus Andronicus de « la pièce la plus idiote qui ait jamais été écrite. » George Bataille poussera très loin la provocation et la minutie de scène de violence lasse. [...]
[...] Les fonctions de cette violence sont nombreuses et contradictoires. Tout d'abord elle répond à une exigence esthétique. Elle permet de varier les effets, de faire grandir une tension ou de laisser éclater un moment théâtralement réussi. Chez Camus, Caligula force les sénateurs à l'assassiner et toute la pièce tend vers ce dénouement qui voit paradoxalement le renversement des valeurs et le triomphe de la victime. En début de dernier acte, comme dans Rodogune, elle offre au dramaturge la possibilité de replonger les spectateurs dans l'horreur après un entracte qui a laissé la tension disparaître. [...]
[...] Mais le drame et même la comédie ne sont pas en reste lorsqu'il s'agit de faire voir ou entendre les pires scélérats comme les pires crimes. Comment s'est tissé ce lien si fort entre le théâtre et la violence ? Après avoir analysé les manifestations de cette dernière notion sur scène nous en verrons les fonctions mais également les limites. La violence au théâtre occupe souvent la place principale dans l'intrigue même, elle en constitue l'ossature. Ainsi le thème des tragédies montre un inventaire des crimes les plus monstrueux, surtout dans les familles. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture