Si je commence par vous parler de procédés qui touchent à l'ensemble de la pièce, c'est parce que ces procédés se retrouvent aussi dans les six morceaux à analyser et que je ne peux pas analyser ces morceaux avec vous, sans vous avoir parlé de ces procédés globaux, que le lecteur découvre d'ailleurs dès le premier morceau de la pièce.
J'ai donc relevé quatre procédés qui participent au montage dans la langue dans La Demande d'emploi et dont je voudrais vous parler. Il s'agit de l'absence de ponctuation et d'indications scéniques, de la fragmentation du discours, de la répétition-variation et de la recherche de la musicalité (...)
[...] D'ailleurs le trentième morceau se termine sur une page de paroles lancinantes, auxquelles personne ne répondra jamais. Et, ainsi, on voit que ce qui est mis en valeur à la fin de la pièce, c'est la répétition- variation et le rythme, contre la possibilité d'un vrai dialogue. De fait, la pièce s'achève sur une phrase inachevée. Michel Vinaver, revue Europe, p.80. Ryngaert Europe Vinaver, Ecrits p.78 Vinaver, P.79 Ryngaert Ryngaert, pp.95-96. Ecrits Ryngaert Ecrits p.115. Europe, p.46. Europe, p.46. Europe, p.46. [...]
[...] D'abord, comme nous l'explique Catherine Brun c'est la conception utilitaire de la parole qui est battue en brèche. Parler pour transmettre un message préexistant s'avère illusoire, non seulement parce que la parole implique des effets de sens qui échappent à la conscience du locuteur, mais parce que les énoncés émis ne sont pas toujours perçus.[21] Ensuite, et toujours selon Catherine Brun, il y a le fait qu' on pourrait être tenté de voir dans ce parti pris du son la promotion d'un théâtre qui se délecte de la défaite du sens. [...]
[...] Parce que les gens se parlent dans un jet fluide avec des coupes qui ne sont pas nécessairement là où se trouveraient les signes. Désir de rendre le comédien (mais même le lecteur) plus libre et inventif dans la saisie du texte ; de le mettre plus près de la réalité des choses dites. Parce que la ponctuation qui est une aide à la compréhension, mais aussi un confort, une habitude fait obstacle au jaillissement des rythmes, des associations d'images et d'idées, gêne les assemblages, les recouvrements de son et de sens, empêche tout ce qui est confusion. [...]
[...] D'ailleurs, la pièce peut parfois apparaître comme comique, elle a une charge comique, mais ce n'est pas un comique préparé comme quand on est face à des jeux de mots par exemple. Donc l'interprétation est ouverte. Par contre, ce qui est certain, c'est que cette écriture met en scène des personnages qui ne se répondent pas. On n'a pas un dialogue strict avec des répliques alternées, mais un surdialogue, une expérience de tressage, d'entrecroisements, qui fait qu'on a un jeu de paroles en quête de destinataire comme le dit Ryngaert. Et finalement, ce qui est mis en lumière, c'est l'aveuglement qui constitue le langage. [...]
[...] Parce que, pour Vinaver, le théâtre, ça ne peut pas être de la conversation, même s'il y puise ses matériaux. Et on voit qu'il y puise ses matériaux sans trop les édulcorer. En fait, ce qu'il fait, c'est les combiner. Et le projet artistique, eh bien, il se situe au niveau des croisements et des chevauchements, parce ces croisements et ces chevauchements nous conduisent à des effets de sens qui n'existent pas dans les matériaux informes pêchés dans le quotidien.[7] Mais ces effets de sens ne sont pas programmés par le texte. [...]
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