(...) Cette citation pose le problème du lecteur et de son rôle. La première phrase constitue un balancement, notamment avec les deux propositions négatives qui rejettent tour à tour les présupposés suivants : un texte n'a pas de direction, ni de sens et le texte est un simple modèle autour duquel le lecteur brode. La seconde proposition, avec la métaphore de la broderie, joue sur le double sens du verbe "broder" c'est-à-dire orner de dessins, de motifs en relief, et, son sens familier, "donner plus d'ampleur à un récit en y ajoutant des détails", ce qui signifie "embellir", "exagérer". La troisième proposition introduite par le signe typographique des deux points permet une réunion du texte et du lecteur. Bellemin-Noël déclare que c'est l'interaction de ces deux éléments "le lecteur" et "le discours" qui permet au sens de prendre forme. S'en suit un développement par la métaphore filée de la broderie : l'accent est mis sur le rôle actif du lecteur, qui travaille véritablement pour donner forme au texte. Mais ce dernier n'est pas sans détermination, notamment le titre qui constitue un "motif" selon Bellemin-Noël. Le texte a "des possibles", l'inconscient du lecteur n'est pas pour autant contraint. Il s'agit d'un enchevêtrement entre conscience et "inconscient" du lecteur et du texte ; c'est un affleurement permanent. L'écoute du lecteur, seule, permet un accès, et non l'accès, univoque et défini qui n'existe pas, "au sens secret du texte". Chaque lecture demeure unique, dans le sens où elle appartient à la subjectivité du lecteur qui lit dans les possibles du texte, son sens propre. Le lecteur va accentuer et mettre en relief ce qui n'aurait pas été vu de telle manière par d'autres lecteurs. Selon Bellemin-Noël, l'inconscient du lecteur participe entièrement à la découverte du sens du texte, celui-ci le guidant sans le brimer ni le contraindre.
Cette citation pose le problème du rôle du lecteur en littérature. Le lecteur doit-il adopter une démarche active ou passive dans sa lecture ? Quelles sont les contraintes qui lui sont imposées par le texte ? Quels sont ses espaces de liberté ? Ceux-ci sont-ils déterminés par le texte même ou par l'auteur ? (...)
[...] Ainsi, le lecteur est « le metteur en scène du sens », comme l'auteur l'a été avant lui face au texte. Chacun cherche à se saisir à travers l'altérité et ce qui crée la richesse d'une lecture est la part de surprise, de mystère laissée par l'auteur qui permet au lecteur de poursuivre la relation par l'imagination. Laurence Sterne écrivait dans Vie et Opinions Tristram Shandy : « [ ] aucun auteur [ ] ne s'avisera de tout penser. La plus sincère et la plus respectueuse reconnaissance de l'intelligence d'autrui commande ici de couper la poire en deux et de laisser le lecteur imaginer quelque chose après vous. [...]
[...] » Il semble, dès lors, que l'auteur joue également un rôle déterminant dans la manière dont sera reçu son texte. Par ailleurs, Bellemin-Noël ne développe pas dans sa citation le fait que chaque lecteur, en outre de son « inconscient », de son « écoute » est porteur de ce qu'Iser appelle « un répertoire », c'est-à-dire, l'ensemble des normes sociales, historiques, culturelles apportées par le lecteur comme bagage nécessaire à sa lecture. De plus, chaque œuvre est elle aussi située. [...]
[...] D'après la citation, Bellemin-Noël ne semble pas concéder de place autre qu'au texte et au lecteur. Pourtant l'auteur ne confère-t-il jamais à son texte des intentions qui dominent et dirigent le lecteur ? En outre, la lecture n'est-elle pas déterminée par des éléments extérieurs de type historique ou sociologique ? « [ ] Epos, éthos, pathos, muthos, pas logos. » Jean Bellemin-Noël refuse le « logos », c'est-à-dire le discours argumentatif qui viserait à démontrer. Selon lui, le poème en sait plus que l'auteur, c'est pour cela qu'il ne s'y intéresse pas de manière directe. [...]
[...] » Cette distinction recoupe celle du lecteur à qui l'on demande d'être passif et du lecteur de qui l'on exige une démarche active et participative. Avec Moderato Cantabile, Marguerite Duras propose un roman dont l'intrigue est réduite à l'extrême. En effet, ce que pour d'autres romans on n'aurait identifié comme prologue constitue ici la trame narrative complète. Une femme est assassinée tandis qu'Anne Desbaresdes assiste au cours de piano de son fils. À la fin de la leçon, Anne entre dans un café où elle rencontre Chauvin le lendemain. [...]
[...] Selon Bellemin-Noël, l'inconscient du lecteur participe entièrement à la découverte du sens du texte, celui-ci le guidant sans le brimer ni le contraindre. Cette citation pose le problème du rôle du lecteur en littérature. Le lecteur doit-il adopter une démarche active ou passive dans sa lecture ? Quelles sont les contraintes qui lui sont imposées par le texte ? Quels sont ses espaces de liberté ? Ceux-ci sont-ils déterminés par le texte même ou par l'auteur ? Le texte et le lecteur ensemble construisent le discours ; le lecteur guidé y découvre un sens qui lui est propre fait d'identification consciente et inconsciente aux mots du texte. [...]
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