littérature, vérité, témoignage historique, vérité historique, forme littéraire, oeuvre littéraire, auteur, écriture, réflexion
En donnant une valeur de vérité à la littérature, Georges Perec la rapproche du témoignage. Dans le sens large qui est le fait de rapporter ce que l'on a vu, vécu ou entendu. Cependant, la littérature serait un langage particulier qui permettrait de dévoiler les parties de la réalité que le langage commun dissimule.
Ainsi, dans le prolongement de cette réflexion amorcée par Georges Perec, nous pouvons nous demander si la vérité dévoilée par la littérature est nécessairement celle d'un témoignage historique. Pour cela, nous prendrons trois oeuvres qui mêlent différemment littérature et Histoire, W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec, Hommage à la Catalogne et 1984 de George Orwell.
[...] Ainsi, l'allégorie de la partie fictive permet d'approcher différemment le sujet de la partie autobiographique. Les deux récits se font écho par un effet de miroir. Nous pouvons par exemple citer la correspondance entre les personnages des deux récits, qu'il s'agisse de Georges Perec et Gaspard Winckler ou encore Cyrla Szulewicz et Cyrla Szulewicz la mère de Georges Perec. Dans l'autobiographie, Cyrla Szulewicz sauve son fils de la mort en le faisant partir, tandis que Cyrla Szulewicz sauve Gaspard Winckler en lui donnant son identité. [...]
[...] La vérité dévoilée par la littérature est-elle nécessairement celle d'un témoignage historique ? « Cette brume insensée où s'agitent des ombres, comment pourrais-je l'éclaircir ? » Raymond Queneau Cette citation introductive du livre W ou le souvenir d'enfance de Georges Perec pourrait être entendue comme la question à laquelle il répond dans son article consacré à L'Espèce humaine de Robert Antelme. En effet, dans cet article Georges Perec dresse un tableau de la fonction idéale de la littérature que l'on pourrait résumer comme suit : la littérature en se joignant à l'Histoire permet d'accéder à une vérité qu'elle seule peut atteindre. [...]
[...] Plus précisément, si la littérature est porteuse d'une réalité histoire c'est parce qu'elle peut faire coexister la grande Histoire universelle avec la petite histoire individuelle. Comme lorsqu'il se fait tirer dessus, il décrit la douleur comme cela : « je ressentis une secousse terrible pas une douleur, seulement une violente commotion, comme celle que l'on reçoit d'une borne électrique, et en même temps la sensation d'une faiblesse extrême, le sentiment de m'être ratatiné sous le coup, d'avoir été réduit à rien. Les sacs de terre en face de moi s'enfuirent à l'infini. ». [...]
[...] Si la littérature est porteuse d'une vérité, c'est par sa forme qu'elle est transmissible. Au-delà du simple témoignage, la forme littéraire permet la coexistence de plusieurs significations et interprétations pour le lecteur. Lors d'un combat, le narrateur de Hommage à la Catalogne écrit « Ce fut comme si la fougue de nos deux cœurs nous avait momentanément permis de combler l'abîme d'une langue ». Même s'il est question ici de la barrière de la langue qui le sépare des autres soldats, cette phrase peut être interprétée comme métatextuelle. [...]
[...] Dans une première partie, nous envisagerons la littérature comme porteuse d'une vérité historique qu'elle seule est en capacité d'exprimer. Cette spécificité serait possible par l'échange unique qui se constitue entre l'auteur et son lecteur. De la même manière que le témoignage est conditionné à son contexte d'énonciation, le texte littéraire est en mesure de transmettre une vérité par la relation unique qu'il entretient avec son lecteur. En effet, pour qu'un témoignage soit reçu comme tel il faut avoir confiance dans le témoin. [...]
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