Quel est le véritable protagoniste, le véritable centre, ou le véritable moteur, dans l’œuvre de Laclos, Les Liaisons dangereuses ?

Thèmes abordés

Véritable protagoniste, véritable centre, véritable moteur, Les Liaisons dangereuses, Laclos, roman épistolaire, marquise de Merteuil, Valmont

Résumé du document

Le « danger des liaisons » est un thème récurrent du XVIIIe siècle. Après La Nouvelle Héloïse de Rousseau qui, onze avant Les Liaisons dangereuses, met en scène l'héroïne Julie face au risque prêcheur de l'amour, et suite au roman libertin de Crébillon fils, Le Sofa, Laclos s'essaie à l'écriture pour la première fois. Il conduit le succès du genre épistolaire à son apogée, le mêlant à la thématique libertine. Celui qui, dans les romans, crée ce « danger des liaisons » se voit dès lors attribuer un caractère dangereux, qui suscite peur et méfiance et lui insuffle toute sa puissance au sein de la société.
Paradoxalement, lorsque Laclos intitule son chef-d'œuvre Les Liaisons dangereuses, rien ne poste à croire qu'il connaît alors le véritable protagoniste de son œuvre. Si le jugement de Versini attribue ce rôle à la libertine féministe et autonome, chaque lecteur est en droit de se demander quelles relations Merteuil entretient avec les autres personnages du roman épistolaire. La nature de ce personnage variant d'une thèse à l'autre, quel rôle les partenaires de cette femme imposante endossent-ils ?

Extraits

[...] Vous écrivez pour vous reproche la marquise à son initiée Cécile, lui conseillant d'écrire pour plaire, et non pour faire une réflexion transparente sur soi. C'est là l'erreur de Valmont, qui se dévoile inconsciemment dans ses lettres, évoquant le charme inconnu de l'amour dont il est victime. Pris à son propre jeu, Valmont donne à Merteuil le fond de sa pensée, et suscite sa jalousie dévastatrice et vengeresse. C'est donc le couple amoureux qui donne à Merteuil un sentiment négatif, engendrant le fameux billet : Eh bien, la guerre ! [...]

[...] Même s'il tend à s'effacer derrière l'authenticité supposée par cette correspondance par lettres, Laclos se révèle incontestablement le moteur de l'œuvre. Il a l'entière décision de la trame, de l'existence ou non d'une fiction dans l'œuvre littéraire critère réaliste qui tend à la placer comme simple publication de lettres réelles et ainsi de l'apparence ou non de son propre nom. Laclos s'invente rédacteur pour le temps de la rédaction, mais on ne tarde pas à deviner en lui la véritable omnipotence fascinante et étincelante à laquelle Versini fait référence dans Le Roman le plus intelligent. Sans auteur, pas de lettres. [...]

[...] La lettre est finalement l'arme par excellence des dangereuses liaisons B. Laclos, un créateur qui orchestre tout Au-delà du moyen de correspondance, ne peut-on pas aussi souligner la prédominance du créateur ? C'est bien Laclos le destinateur des lettres, autant par ailleurs qu'il en est le destinataire. Lui seul manipule. Il prête son style à tous les personnages : l'enfant à Cécile, le passionné à Danceny et Tourvel, le cynique manipulateur au couple libertin. Il domine même le lecteur qui, absorbé par l'intrigue, en oublierait son existence. [...]

[...] Même excentré des lieux de l'action, ce personnage central absolu parvient à faire de Valmont son maître d'œuvre, qui exécute ses moindres volontés, quant à la perversion de Cécile. La lettre 2 évoque déjà la relation de domination existant entre Merteuil et Valmont : Revenez, Vicomte, j'ai besoin de vous Présenté comme un serviteur, le principal concurrent de la libertine ne cesse de se confier et de demander conseil, tel un élève en apprentissage. Le cynisme de Merteuil profite de cette occasion pour l'humilier : Mais la véritable école est de vous être laissé aller à écrire lui reproche-t-elle au sujet de sa correspondance avec Madame de Tourvel. [...]

[...] Quel est le véritable protagoniste, le véritable centre, ou le véritable moteur, dans l'œuvre de Laclos, Les Liaisons dangereuses ? Introduction Le danger des liaisons est un thème récurrent du XVIIIe siècle. Après La Nouvelle Héloïse de Rousseau qui onze avant Les Liaisons dangereuses met en scène l'héroïne Julie face au risque prêcheur de l'amour, et suite au roman libertin de Crébillon fils, Le Sofa, Laclos s'essaie à l'écriture pour la première fois. Il conduit le succès du genre épistolaire à son apogée, le mêlant à la thématique libertine. [...]