Vaste est la prison fait parti du quatuor algérien d'Assia Djebar, avec L'Amour, la fantasia, Ombre sultane, et Loin de Médine.
Ces quatre oeuvres ont en commun des thèmes que l'on retrouve dans les quatre livres de manière plus ou moins développée : l'écriture, l'histoire, les femmes…, des thèmes à chaque fois liés par la narration. Notre oeuvre, Vaste est la prison et le quatrième livre de ce quatuor.
Elle illustre au mieux les thèmes et réflexions du quatuor, en développant l‘histoire personnelle d‘une narratrice et en la liant à celle d'autres personnages. C'est peut-être aussi le livre le plus difficile à lire et à comprendre du point de vue de la structure. Au début, on a l'impression de ne pas avoir de connections entre les parties, ce qui déstabilise le lecteur. La feuille que nous avons distribuée vous montre cette structure, que nous étudierons au cours de l'exposé.
Dès lors on pourra se demander en quoi les différents personnages vont-ils permettre la liaison entre les différentes parties et même en justifier l'enchaînement, par le rapport qu'ils entretiennent avec le principe de construction identitaire de l'œuvre?
[...] L'histoire comme principe constructeur 1. Le rôle de la langue La langue joue un rôle très important dans tout le roman qui est le point de départ du roman. Dans l'introduction, silence de l'écriture” la narratrice, qui peut être identifié ici avec l'auteur, nous raconte un épisode d'une visite au hammam avec son ex-belle-mère. Pendant cette Visite la narratrice apprend que les femmes de la ville natale de la belle-mère se servaient entre elles du mot arabe “l'e'dou”-”ennemi”- pour nommer le mari. [...]
[...] Et c'est cette particularité que dénote la typographie en italique et la manière presque onirique de les percevoir. D'ailleurs même au cours de la première partie, on relèvera les visions apparitions de la narratrice qui voient les figures historiques de ses recherches apparaître dans la réalité de son quotidien, comme à la page 72- La recherche des ses origines est concrète aussi bien qu'abstraite: on peut faire appel à différents types de figures : réelles, imaginaires, passées ou présentes. Les personnages évoqués jouent évidemment un rôle dans la construction de l'identité de la narratrice; comme on l'a vu, il y a identification. [...]
[...] Ainsi, la narratrice déclare à propos de la Madone p223, je cite : Elle me fit du café chaque fois que j'entrais, aux moments de tension, pour me sentir ailleurs. Elle fut l'ailleurs - par là même tout mon passé au féminin. À présent je comprends : à partir du moment où me fut refusé de saisir son image, à cause même de la proximité autant de sa beauté que de la pénombre dans laquelle elle vivait constamment, sa présence fut un prolongement, arrière-plan rendant ceux du film incertain. [...]
[...] raconter, dire, écrire c'est libérer 1. Raconter les femmes Dans ce roman “Vaste est la prison», on note la prédominance des personnages féminins sur les autres. La scène d'introduction elle-même se situe dans un hammam, comme pour d'emblée situer l'action. Femmes. Dans la première partie, la situation est un peu plus complexe. Il y a trois personnages qui sont présents pendant toute cette première partie: la narratrice Isma, l'époux et l'aimé. Néanmoins, les deux hommes sont plutôt considérés comme des compagnons (accompagnements) de la narratrice ceci se montre aussi par l'incapacité de les appeler par leurs noms. [...]
[...] Heureuse d'être seule, et libre, dans cette ville gorgée de lumière. En bas de la pente, deux jeunes gens stationnaient :l'un m'aborda presque gravement, pour me dire, le regard scrutateur, qu'il venait de parier, et donc de perdre à mon sujet! Il avait affirmé, m'apercevant de loin, que j'étais un jeune homme (mes cheveux très courts, mon pantalon blanc droit). À trente-sept ans, j'en paraissais sans doute moins de trente : hanches minces, cheveux à la garçonne, fesses plates, si fières ce jour-là de ma silhouette androgyne. [...]
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