L'intérêt des livres dits « commerciaux » réside dans le fait qu'ils répondent à l'horizon d'attente du lecteur : le tueur sera découvert, l'histoire d'amour aura une fin heureuse et le héros vaincra. Ils respectent le pacte de lecture. Leur point commun est cette faculté à tenir le lecteur en haleine, à conserver cette tension narrative, ce suspense.
Les "poéticiens" et les critiques depuis les années 60 se sont dressés contre le suspense : le Nouveau Roman, et la déstructuration de tous les codes passés en est le meilleur exemple. Pourtant, cette position est bien un aveuglement théorique et c'est en ce sens qu'il faudra l'étudier : certes le suspense est instrumentalisé par le marché des biens symboliques, ce qui lui a été reproché notamment par Barthes qui dénonçait la dévalorisation qu'il implique, mais au fond, nous verrons que le suspense est une composante essentielle au discours narratif.
[...] Ils respectent le pacte de lecture. Leur point commun est cette faculté à tenir le lecteur en haleine, à conserver cette tension narrative, ce suspense. Les poéticiens et les critiques depuis les années 60 se sont dressé contre le suspense : le Nouveau Roman, déstructuration de tous les codes passés en est le meilleur exemple. Pourtant, cette position est bien un aveuglement théorique et c'est en ce sens qu'il faudra l'étudier : certes le suspense est instrumentalisé par le marché des biens symboliques, ce qui lui a été reproché notamment par Barthes qui dénonçait la dévalorisation qu'il implique, mais au fond, nous verrons que le suspense est une composante essentielle au discours narratif. [...]
[...] De même, la publicité a aussi un rôle crucial : elle fait connaître l'œuvre, la classe dans des catégories dites à suspense comme le roman policier, l'histoire fantastique, etc. Ceci dit, les romans policiers, d'épouvante, noirs ou fantastiques sont considérés comme populaires De ce fait, le suspense est jugé comme suspect, ayant une faible valeur symbolique, voire caractérisant, les récits sans réelle valeur littéraire. La tension narrative est donc apparue d'abord comme un moyen efficace d'augmenter le capital économique d'une œuvre. [...]
[...] Au contraire, l'anti- suspense va dans le sens de l'art pour l'art, c'est une réflexion sur le langage. Amengual par exemple, considère que le suspense est on ne peut plus condamnable : c'est pour lui un critique suffisant pour distinguer les œuvres les unes des autres, comme il l'explique dans son Éloge de l'anti- suspense. Il faut néanmoins différencier les deux régimes de la littérature afin d'étudier correctement cette idée de suspense : la lecture linéaire et la lecture critique. [...]
[...] Il explique que le suspense aide et soutient cette première lecture : il amène le lecteur à continuer la lecture, même si la vie quotidienne l'oblige à s'interrompre. Eco essaye de résoudre ce problème en considérant qu'il ne faut pas condamner un œuvre sous prétexte qu'elle s'est bien vendue. L'approbation du public n'est pas forcément un indice négatif. Ainsi, le stéréotype narratif qu'est le suspense a longtemps été dévalorisé par les écrivains et les critiques qui défendaient l'autonomie de l'œuvre contre l'asservissement aux impératifs économiques du marché des biens symboliques. [...]
[...] Toutefois, il semblerait qu'après cette étude, il soit réducteur de considérer la tension narrative comme le gage de la paralittérature : elle constitue encore aujourd'hui un des socles du récit, il ne peut pas s'en passer. Le suspense et la curiosité ne sont pas des critères suffisants pour déterminer seuls la littérarité d'une œuvre. Ils ne sont pas forcément des pièges commerciaux qui diminuent la valeur d'un récit. [...]
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