Le Trésor des contes, La blanche biche - Henri Pourrat (1948) - En quoi ce conte traduit-il, à travers un récit de métamorphose, la mort symbolique de la lignée matriarcale ?

Thèmes abordés

Le Trésor des contes, La blanche biche, Henri Pourrat, 1948, conte, récit de métamorphose, mort symbolique, lignée matriarcale, présage, malédiction, légende, fatalité, commentaire de texte

Résumé du document

La blanche biche est un conte qui a longtemps été populaire sous multiples formes, parfois sous la forme de chansons. On retrouve les premières traces de l'image de la blanche biche jusque dans l'Antiquité grecque (par exemple dans la légende de la biche de Cérynie). À travers toutes ces époques, la blanche biche est une image complexe : elle peut annoncer un bon présage comme une malédiction. De nos jours, ce conte est peu connu, bien qu'il soit similaire au célèbre conte de la belle au bois dormant, dont il est à l'origine. La légende de la blanche biche a cependant survécu surtout dans le milieu de la chasse.

Extraits

[...] Son apparence grossière et trompeuse d'écrevisse serait en fait un test pour juger la manière dont la reine traite les êtres qui lui paraissent inférieurs. Dans cette version de Henri Pourrat, sa véritable identité ne peut être que devinée, parce qu'elle a le pouvoir de guider au royaume des fées et de lancer des sorts. Marguerite est maudite par la fée écrevisse. Le sort jeté à la jeune fille reprend tous les codes de la malédiction. En effet, la reine est punie par la fée pour avoir commis une erreur, et le sort jeté par l'écrevisse semble inévitable. [...]

[...] Dans certaines versions du conte de La blanche biche, il est également question de rivalité amoureuse : le prince qui tombe amoureux de Marguerite en voyant son portrait était déjà promis à une autre princesse, mais il décide d'annuler son mariage, car il ne peut résister à son amour pour Marguerite. B. La fatalité dans la malédiction La malédiction est annoncée par l'écrevisse sous forme de prophétie. On peut y voir une forme de fatalité qui rappelle les légendes de l'antiquité, dans lesquelles les victimes du sort de la fatalité ne peuvent jamais échapper à leur destin, malgré le fait qu'ils connaissent souvent eux-mêmes la prophétie qui les condamnent et malgré leurs précautions prises pour y échapper. [...]

[...] Dans la version de Henri Pourrat, la blanche biche est d'abord décrite uniquement par sa couleur « une créature plus blanche que la neige » « Cette blancheur ». On comprend également qu'elle est un être contradictoire. Par les termes « air ténébreux » qui la décrivent par la suite. Ce n'est que lorsque les chasseurs parviennent à la tuer et à la démembrer qu'ils prennent conscience de son humanité « Elle a les cheveux blonds et le sein d'une fille ». [...]

[...] Enfin, nous analyserons les éléments de La blanche biche qui représentent la mort de la société matriarcale. I. Le thème de la métamorphose, le symbole de la biche maternelle A. La symbolique de la blanche biche La blanche biche est un animal mythique que l'on peut trouver jusque dans les légendes antiques et celtiques. C'est également un symbole très fréquemment présent dans les contes de fées du Moyen-âge. La biche est d'ailleurs parfois considérée elle-même comme une fée métamorphe. On dit dans la littérature celtique que certaines fées se changent en blanche biche pour attirer les chasseurs le royaume des fées et les faire prisonniers. [...]

[...] La mort symbolique de la société matriarcale A. Le désir de liberté de Marguerite Marguerite, lorsqu'elle vit enfermée, rêve de liberté. Elle est un symbole de l'insouciance et de la féminité, mais également de l'insoumission. Elle est également incapable de résister à son amour et à son attirance physique pour le prince et prend le risque de s'exposer à la lumière du jour uniquement parce qu'elle est impatiente de rencontrer son amant. On peut aussi voir dans son envie de quitter son royaume un désir de s'émanciper de la joute de son père et de son frère et d'épouser un homme qu'elle aime sincèrement et qui l'aime en retour, ce qui est rare dans le milieu royal où l'on mariait systématiquement les jeunes filles pour des raisons uniquement financières. [...]