Dissertation analysant les ressorts du tragique et sa mise en place dans les deux pièces (Fin de Partie et Oh les beaux jours) à partir d'une citation critique. On voit comment se mêlent, chez Beckett, farce et tragique, comment et dans quels domaines se déploie la tragédie, jusqu'à gagner le langage. Cette dernière question du langage revient à poser celle de la signification : comment signifier au théâtre lorsque le langage fait défaut ?
[...] Cependant, c'est Willie qui reste son soutien principal : Je t'en prie, mon chéri, sois gentil, ne te rendors pas, je pourrais avoir besoin de toi Winnie emploie ou le prénom ou le pronom à la deuxième personne pour compenser l'absence de Willie : grâce au langage, elle actualise son existence. De plus, Winnie est capable de mettre en place des mesures d'urgence quand Willie ne répond pas, avec notamment l'emploi surabondant de la fonction phatique, que Winnie exploite le plus quand sa parole doit renaître du silence : Mes bras. (Un temps) Mes seins. (Un temps) Quels bras ? (Un temps) Quels seins ? [...]
[...] Nell demande à Nagg : pourquoi cette comédie tous les jours ? Le terme n'est pas anodin car le fait de voir deux vieillards dans une poubelle essayer de s'embrasser sans y parvenir a quelque chose de comique. Il y a quelques remarques du même ordre dans Oh les beaux jours. Au début du deuxième acte, alors que sa situation a empiré, Winnie se réjouit d'avoir toujours des admirateurs : Ça que je trouve si merveilleux. (Un temps) Des yeux sur mes yeux Il n'est pas interdit de penser qu'elle fait plus allusion aux spectateurs qui sont dans la salle qu'à Willie, terré derrière le mamelon. [...]
[...] De ce constat, E. Leblanc a déduit, en s'inspirant du travail de G. Poulet sur Racine, que le tragique de Winnie, à la différence du tragique racinien, consiste dans son impuissance à échapper au présent tandis que les personnages raciniens ne parviennent pas à "se réduire au moment présent" Les notions d'espace, de temps ainsi que la perception du corps dans le théâtre de Beckett sont des questions centrales de la tragédie. Elles ont comme point commun de se rapporter au langage, ou de s'y soumettre, comme le suggère L. [...]
[...] C'est par exemple le cas dans leur rapport aux gestes : Clov reste auprès de Hamm alors qu'il lui répète Je te quitte L'inadéquation des mots est également sensible dans les nombreux silences qui s'imposent fréquemment, mais plus encore dans le statut de l'interrogation qui constitue l'espoir de relancer le dialogue, espoir souvent déçu. C'est ce qui se produit dans cette scène de Fin de partie, dans laquelle Clov réduit à néant les efforts de Hamm : Hamm. Le rideau n'est pas fermé ? Clov. [...]
[...] Pourquoi m'as-tu fait ? Le malheur de vivre est poussé à l'extrême quand la vie est associée à la douleur, ce qui produit cet échange aux accents cartésiens à propos de Nagg : Clov. Il pleure. Hamm. Donc il vit. La difficulté de parler que souligne Domenach est bien présente dans les pièces de Beckett, même si, dans Fin de partie et dans Oh les beaux jours, elle est parfois surmontée. Quand c'est le cas, les personnages le font par nécessité, c'est-à-dire qu'ils parlent pour ne pas mourir et c'est pour cette raison que des riens produisent du texte. [...]
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