Dissertation de littérature consacrée à la dimension ambivalente et binaire de Roméo et Juliette. Peut-on considérer la pièce de Shakespeare comme tragique ? Comment le tragique s'y définit-il ? Que peut-on y trouver de comique ? Quelle est la relation entre comique et tragique dans la pièce ?
[...] La peste est considérée aussi comme châtiment divin abattu pour punir une communauté. Roméo, dans sa fougue, sa tristesse, meurt alors qu'il n'a pas été informé de la vie de Juliette (acte scène 3). Cette quête d'amour est avant tout une course contre le temps, et in extensio, contre la Mort, dévoreuse d'amour (Roméo, III,6). En plus du Destin, et c'est là tout le contemporain de la pièce, s'ajoute le poids politique contre cet amour fusionnel : les intérêts privés sont en conflit direct avec l'intérêt public, soit la sûreté de la cité. [...]
[...] Car Roméo et Juliette reste avant tout l'histoire de deux enfants Juliette n'a même pas quatorze ans qui se sont accomplis par cet amour égal à tous les obstacles qui se dressaient contre lui. La liaison Eros/Thanatos dès le début de la pièce annonce une fascination pour l'amour par la mort qui fait que la pièce reste dans une constante tragique. Ainsi Juliette parle de tombeau comme lit nuptial si Roméo est marié, lors de leur coup de foudre, acte scène 5 ; ou bien, à peine leur mariage consommé, entrevoit l'image de la mort sur le visage de son aimé, acte III, scène 5 : Ou bien mes yeux me trompent, ou tu es pâle De même Roméo, par une passion exacerbée, et une identité qu'il finit par atteindre par la construction de leur amour, se dévoue à Juliette jusqu'à la mort : Viens, mort, sois la bienvenue, puisque Juliette le veut (III,5). [...]
[...] Shakespeare utilise son personnage pour jouer avec le spectateur comme celui-ci joue avec Juliette dans l'acte II, scène 6 où la Nourrice la fait languir des nouvelles de son amoureux. Elément complémentaire, honnête nourrice qui connaît Juliette à une heure près elle se rapproche du registre populaire et trivial en rentrant en décalage avec lav gravité des évènements. C'est d'ailleurs cette alternance de registres typiquement baroque qui fait que Roméo et Juliette est d'une part comique. Par exemple, la pièce ne débute-t-elle pas sur les pensées belligérantes de Samson et Grégoire, se rapprochant plus de pensées perverses, avec un champ lexical de la friction et de l'échauffement ? [...]
[...] Roméo et Juliette marque les esprits comme une pièce à dominante tragique. Néanmoins, et les différentes relectures et adaptations scéniques de l'œuvre le prouvent, la pièce se base sur une symétrie binaire chère à Shakespeare comique et tragique : ainsi ces deux sont complémentaires, et le premier cathartique du second. Le comique rend le spectateur encore plus vulnérable à la profondeur sensible de cette histoire d'amour. Baz Luhrmann, dans son Roméo + Juliette, n'a-t-il pas parodié les western spaghettis ou installé l'histoire à Verona Beach ? [...]
[...] Mais peut-on considérer, en dépit de ces a priori, la pièce de Roméo et Juliette comme seulement une tragédie ? Nous porterons notre étude sur la recherche d'un univers comique, d'une part, et, d'autre part, sur la dimension tragique de la pièce qui touche la sensibilité du spectateur guidé dans la recherche du rire pour mieux pleurer. En premier lieu, il convient dans ce devoir de rechercher la portée comique de Roméo et Juliette. Une telle œuvre ne pourrait bénéficier d'un tel succès si elle demeurait unilatérale. [...]
Source aux normes APA
Pour votre bibliographieLecture en ligne
avec notre liseuse dédiée !Contenu vérifié
par notre comité de lecture