Ce document est une dissertation complète et entièrement rédigée qui porte sur son œuvre "Les Fleurs du Mal" et la façon dont elle justifie un certain déchirement vécu par le poète.
[...] Il ne s'agit pas seulement de chercher la part d'expérience personnelle d'un homme en proie à un spleen indéracinable mais au contraire de trouver dans ce recueil un remède pour tout homme qui se sent en proie à de longs ennuis. Le lyrisme personnel est ici dépassé et se met au service de la condition humaine toute entière. L'Avertissement au Lecteur n'est pas une provocation littéraire mais une invitation à prendre le miroir que nous tend Baudelaire, afin de profiter de ses conseils pour nous améliorer. [...]
[...] Au Lecteur contient cet avertissement : "C'est le Diable qui tient les fils qui nous remuent " (Au lecteur p.5) Tout le recueil est hanté par la présence de Satan Trismégiste, jusqu'aux litanies des derniers vers qui précèdent la section consacrée à la mort. Baudelaire retrouve l'inspiration de son prédécesseur qu'il admirait tant Aloysius Bertrand, mais le dépasse dans la mesure où le diable est omniprésent dans chaque instant du quotidien. L'horreur que sent le poète provient de cet être négatif qui incarne la connaissance et la tentation. Derrière l'image forte et provocatrice de ce dieu déchu apparait le Spleen qui semble entraîner le poète vers l'abîme. Ce sentiment de mélancolie forte, thème commun chez les romantiques devient pour Baudelaire une seconde nature. [...]
[...] L'horreur n'est pas mise à distance, au contraire elle s'étale comme dans Les Métamorphoses du vampire l'une des pièces condamnées: L'Albatros souligne par l'allégorie l'horreur qu'éprouve Baudelaire à vivre parmi la foule qu'il voit comme une menace et qui le détourne des Tableaux parisiens. Cette horreur de la vie peut expliquer sa première tentative de suicide qu'il annonçait à son ami Narcisse Ancelle dans une lettre datée du 30 juin 1845. Il avait choisi le couteau et se servira quelques années plus tard de pistolets achetés pour cet usage. Pourtant Baudelaire, dans les notes qu'il adresse à son avocat, revendique la terrible moralité de son livre si l'on veut bien le prendre dans son ensemble. [...]
[...] « Tout enfant, j'ai senti dans mon cœur deux sentiments contradictoires, l'horreur de la vie et l'extase de la vie. ». Ce brouillon, composé de courtes notes publiées en 1887, bien après la mort de leur auteur, permet à Baudelaire de recomposer son parcours, comme homme et comme poète. Il insiste par le doublet "senti, sentiments" sur la force de la tension qui le déchire entre une postulation négative et une aspiration à l'idéal qui lui permet une contemplation. Comment son premier recueil Les Fleurs du Mal justifie-t-il un tel déchirement? [...]
[...] D'ailleurs la sensualité est très présente dans plusieurs passages et notamment dans le rythme, les sonorités et les allusions du Serpent qui danse. Serge Gainsbourg redonnera d'ailleurs cette sensualité triomphante en mettant ce poème en musique. Enfin la composition du recueil lors de la réédition de 1868 montre une nette volonté de présenter chaque section comme une expérience pour trouver une inspiration différente et une extase poétique. La mort, thème final des Fleurs du Mal, semble avoir perdu toute nocivité et permettre une métamorphose positive. [...]
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