La tortue et les deux canards, Jean de La Fontaine, attelage de la tortue, tortue commère, la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf, animaux
Dans cette deuxième pièce du livre X des Fables "la Tortue et les deux Canards", Jean de La Fontaine met en scène le voyage insolite et dramatique d'une tortue : avide de voir du pays elle est enlevée dans les airs par deux canards. Usant de toutes les ressources poétiques, le fabuliste annonce notamment la curiosité et la vanité. Cette fable est à plusieurs niveaux une œuvre d'imagination : l'alliage étrange de la Tortue et des Canards relève de la fantaisie. La Tortue est elle-même une victime de l'imagination, sa "tête légère" l'empêchant de garder les pieds sur terre et la vouant à un sort cruel. Ce texte s'inscrit dans l'objet d'étude La littérature d'idées du XVI au XVIIIe siècle, et plus précisément dans le parcours 1 Tableau d'une humanité désordonnée.
[...] Une voyageuse grotesque Jean de La Fontaine décrit aussi une voyageuse quelque peu grotesque. En effet, bien que lente et boiteuse, la Tortue est caractérisée dans le texte par le champ lexical du voyage : « la pèlerine » vers 17, ce qui est tout à fait illogique. Mais, là où le pèlerin voyage vers le sacré, la Tortue n'est mue que par de futiles raisons : sa « curiosité » vers 34, dénigrée par la diérèse désagréable à l'oreille, et son ennui : « lasse de son trou » vers 2. [...]
[...] De plus, sa lenteur, dont « Le Lièvre et la Tortue » (livre VI, fable 10) nous a déjà parlé, est ici rappelée. Jean de La Fontaine fait ici une mise en place pittoresque, et très visuelle. Il parvient à poser un cadre humoristique, à teneur familière. Dès lors, l'attelage de la Tortue et des Canards est comique dans son invraisemblance. La Tortue et désignée par des caractérisations à double sens : sa très concrète « tête légère » annonce son inconséquence et appelle les termes synonymiques inclus dans la moralité à la fin de la fable : « imprudence », « sotte vanité » vers 33. [...]
[...] La Tortue a dès lors perdu le sens des réalités elle incarne le paradoxe de ceux qui ne mesurent par leurs possibilités et se fourvoient dans un désir inaccessible. La Fontaine prône ici les vertus d'une mesure raisonnable. On ne peut s'empêcher de penser à Fouquet et à ses excès mortifères. III. Les dangers de l'orgueil Dès les premiers vers, la Tortue est caractérisée par son incapacité à se taire. C'est une « commère » vers 5 qui aime parler d'elle, de ses projets. [...]
[...] Le compte de l'imprudente est réglé sans périphrase en deux actions successives. On remarque de plus la dureté du pronom « elle » ici prononcé en deux pleines syllabes accusatrices. Les expressions pittoresques employées au début pour désigner la Tortue fondent finalement dans le simple pronom « elle ». On se souvient que le même verbe « crever » est utilisé pour dire la fin d'une autre orgueilleuse, la Grenouille « qui voulait se faire plus grosse que le bœuf ». Il est dangereux de prendre des vessies pour des lanternes au pays de La Fontaine. [...]
[...] Fables livre fable 2 - Jean de La Fontaine (1678-1679) - Lecture linéaire Objet d'étude : La littérature d'idées du XVIe au XVIIIe siècle. Parcours 2 : Imagination et pensée Problématique générale de parcours : Comment les moralistes questionnent- ils la nature humaine ? Introduction : Dans cette deuxième pièce du livre X des Fables « la Tortue et les deux Canards », Jean de La Fontaine met en scène le voyage insolite et dramatique d'une tortue : avide de voir du pays elle est enlevée dans les airs par deux canards. [...]
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