La bande dessinée est une forme canonique de la littérature de jeunesse bien que, au long du XXème siècle, elle ait aussi pris la forme de littérature adulte pour certaines de ses versions. Son format en album composé de planches d'images agrémentées de textes en bulles ou d'explicatifs semble très approprié pour les enfants, alliant ainsi lecture de mots et d'images. La bande dessinée a rapidement envahi la presse enfantine mondiale, le plus souvent publiée d'abord dans des magasines jeunesse avant d'être assemblée en albums.
La bande dessinée Tintin, créée par le belge Hergé, de son vrai nom Georges Rémi, fait son apparition en 1930 avec Tintin au pays des Soviets. Hergé signera entre 1931 et 1976 vingt-deux autres aventures du petit héros à la houppe blonde, et une dernière restera inachevée, publiée en l'état en 1986 : Tintin et l'Alph'Art.
Conquérant un public extrêmement large et varié, Tintin plaît tant aux enfants qu'aux adultes. Mais pourquoi cet engouement ? Pourquoi cet intérêt de tous les âges ? Il est bon de noter que Tintin semble avoir plusieurs niveaux de lecture, et qu'un enfant ne l'abordera pas de la même manière qu'un adulte. Hergé a-t-il donc écrit une simple littérature de jeunesse ou son oeuvre peut-elle être aussi considérée comme une littérature adulte ?
Nous verrons que, selon l'âge, Tintin est une littérature enfantine, d'amusement et de divertissement, d'exotisme, mais que c'est aussi, sous bien d'autres aspects, une littérature adulte et plus profonde mêlant historicité, engagement de l'auteur et diffusion des cultures.
(...) Les enfants ont besoin de divertissement, d'action. On ne peut pas les tenir longtemps en haleine avec une histoire qui évolue lentement. Dans Tintin, l'action est au rendez-vous. Hergé a réussi à rendre l'émotion du danger et de l'aventure dans ses bandes dessinées, pour attirer l'attention de ses jeunes lecteurs et leur provoquer les frissons de l'enfance dont ils ont besoin. Un enfant lit pour s'effrayer, tout en sachant que son héros s'en sortira : il peut donc s'identifier à lui sans crainte, et vivre ses peurs en toute tranquillité. Le danger, dans Tintin, prend diverses formes, mais toutes simples pour que l'enfant les appréhende entièrement. Il y a, tout d'abord, le danger de situation (Tintin se retrouve dans une situation physique dangereuse, Le Temple du Soleil), la menace de l'ennemi (des individus qui épient - l'Affaire Tournesol - ou planifient une attaque contre Tintin - Tintin au Tibet) ou encore le danger animal (comme le crocodile dans Tintin au Congo) (...)
[...] Pareillement, la première version de l'Or Noir faisait explicitement référence, au départ, au conflit israélo-palestinien (références que l'on peut toujours ressentir de manière latente dans la version réadaptée). Cet ancrage historique ne peut pas ne pas être lié avec un certain engagement de l'auteur. Car Hergé était davantage qu'un dessinateur pour enfant : il faisait passer ses idées au travers des aventures de ses personnages. Tandis que Tintin en Amérique montre la spoliation des Indiens de leurs terres par les Blancs, Coke en Stock dénonce l'esclavage. [...]
[...] La bande dessinée Tintin, créée par le belge Hergé, de son vrai nom Georges Rémi, fait son apparition en 1930 avec Tintin au pays des Soviets. Hergé signera entre 1931 et 1976 vingt-deux autres aventures du petit héros à la houppe blonde, et une dernière restera inachevée, publiée en l'état en 1986 : Tintin et l'Alph'Art. Conquérant un public extrêmement large et varié, Tintin plaît tant aux enfants qu'aux adultes. Mais pourquoi cet engouement ? Pourquoi cet intérêt de tous les âges ? [...]
[...] L'adulte notera que Tintin sait tout de même conduire (et pas que les voitures, mais aussi les trains, les chars d'assaut, les hélicoptères qu'il vit seul dans son appartement, travaille et subvient à ses propres besoins, et qu'on le vouvoie la plupart du temps. Tout cela donne une ambiguïté sur l'âge de Tintin, assez pour que les enfants, qui ne notent pas forcément les détails enregistrés par les adultes, puissent s'identifier au jeune héros-enfant ; l'absence de famille pourrait être vue comme une sorte d'émancipation, de liberté que les enfants aimeraient parfois avoir vis-à-vis de leur parents. Et il ne faut pas oublier Milou : le compagnon de toujours. [...]
[...] Qu'il parle participe de l'univers merveilleux de l'enfant, qui ne trouvera pas ça étrange. Au contraire, Milou pourrait être vu comme le lien avec les contes où les animaux conversent avec les humains sans que cela soit anormal. Milou est donc bel et bien un personnage à part entière et contribue à ranger Tintin dans la littérature enfantine par son don de parole et d'intelligence. Ainsi, comme le certifient encore les vignettes ci-contre, référence flagrante à l'univers de l'enfance (comptine et chanson onomatopéique), Tintin est incontestablement une littérature de jeunesse qui aborde l'enfant par l'aventure et le rire, en lui présentant un personnage auquel il peut s'identifier. [...]
[...] Hergé a-t-il donc écrit une simple littérature de jeunesse ou son œuvre peut-elle être aussi considérée comme une littérature adulte ? Nous verrons que, selon l'âge, Tintin est une littérature enfantine, d'amusement et de divertissement, d'exotisme, mais que c'est aussi, sous bien d'autres aspects, une littérature adulte et plus profonde mêlant historicité, engagement de l'auteur et diffusion des cultures. Première Partie Tintin, une littérature de jeunesse Sans doute possible, Tintin s'adresse dans un premier temps à un public jeune. Il plaît immédiatement aux enfants par ses diverses aventures. [...]
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