Thérèse Raquin, chapitre II, Émile Zola, 1867, mariage sans sentiments, mariage inutile, mariage non consommé, Camille, parallélisme de construction
Dans cet extrait, le personnage de Camille est décrit comme affaibli par toutes les maladies qu'il subit : l'enfant eut coup sur coup toutes les fièvres, toutes les maladies imaginables. Ici, le parallélisme de construction "toutes…" au rythme binaire fait transparaître la faiblesse de Camille engendrée par toutes les maladies qui ont mis ses jours en danger.
[...] Se pose alors la question suivante : ne serait-ce pas Mme Raquin qui invente les maladies de Camille pour le garder près d'elle ? Mais ce comportement n'est pas un service pour Camille, qui déjà affaibli par ses maladies, l'est encore plus de connaissances : « Camille resta ignorant, et son ignorance mit comme une faiblesse en plus en lui ». La dérivation du mot « ignorance » (ignorant, participe présent, et ignorance : nom commun) insiste, grâce à la répétition, sur l'abrutissement de Camille. [...]
[...] L'imparfait duratif « attendaient » renforce le temps d'attente avant le mariage des deux amants. Cependant, le parallélisme de construction au rythme binaire « sans fièvre, sans rougeur » est contradictoire avec l'expression précédente. On devine alors que Thérèse et Camille n'ont aucune hâte de se marier, puisqu'ils n'ont pas l'air impatients : « patiemment », surtout de la part du jeune homme, qui, par ses maladies, « ignorait les âpres désirs de l'adolescence ». En témoigne l'expression : « Il était resté petit garçon devant sa cousine, il l'embrassait comme il embrassait sa mère, par habitude ». [...]
[...] C'est d'ailleurs seul le changement de chambre qui symbolisera le mariage : « Ce fut tout le changement qu'il y eut dans sa vie, ce jour-là » le « changement » au singulier insiste encore sur le fait que le changement de chambre est le seul et unique bouleversement du couple. En témoigne encore cette expression : « Et, le lendemain, lorsque les jeunes époux descendirent, Camille avait encore sa langueur maladive, sa sainte tranquillité d'égoïste ». Le narrateur utilise des adjectifs qualificatifs « maladive », « sainte » et sacralise la tranquillité de Camille, comme s'il n'était pas passif, on ne le reconnaîtrait pas et serait une véritable offense. L'adverbe « encore » montre au lecteur que le mariage n'a rien changé. [...]
[...] Jeune, elle incarne un tempérament de feu étouffé par sa tante. « Thérèse grandit, couchée dans le même lit que Camille, sous les tièdes tendresses de sa tante. Elle était d'une santé de fer et elle fut soignée comme une enfant chétive. » L'antagonisme des deux termes « grandir » et « couchée » font de Thérèse, aux premiers abords, une enfant malade qui, pour se remettre, doit rester cloîtrée au lit, la condamnant ainsi à grandir couchée. L'expression : « Elle était d'une santé de fer » est cependant contradictoire avec la phrase précédente. [...]
[...] Sa mère le gâtait encore comme un enfant ». Ici, l'adverbe « encore » insiste sur le fait que la mère insiste à surprotéger son fils alors qu'à vingt ans, il devrait être autonome et indépendant. De plus la comparaison « comme un enfant » tend à lire que Mme Raquin refuse de voir grandir son fils, et cherche de ce fait à le protéger, malgré son âge qui devrait lui permettre d'entrer dans la vie adulte et de s'émanciper. C'est pourquoi on devine que c'est bel et bien sa mère qui refuse de le laisser suivre des cours à l'école, ce qui le rendit très peu cultivé : « Sa science se borna aux quatre règles et à une connaissance très superficielle de la grammaire ». [...]
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