Le roman a été, pendant longtemps, considéré comme le genre impur par excellence. Pourtant il a fini par s'imposer et par acquérir ses lettres de noblesse malgré un parcours chaotique. Jugé fabuleux et extraordinaire puisque relevant de la fiction, accusé de pervertir les mœurs et d'être réservé aux « bonnes femmes », il n'aura eu de cesse de se battre pour s'affirmer comme un genre à part entière. La prolifération, encore à ce jour, d'œuvres romanesques témoigne bien du besoin que l'homme aurait d'écrire et surtout d'écrire des romans car à l'intérieur « l'artiste refait le monde à son compte ». Par le biais du roman, l'homme peut donner à la vie et au monde la forme qu'ils n'ont pas dans la réalité, d'où ce que dit Camus dans L'homme révolté : « le monde romanesque n'est que la correction de ce monde-ci suivant le désir profond de l'homme ». L'activité romanesque c'est à la fois le refus du réel mais aussi sa transformation, son amélioration. Ce qui nous amène à nous demander en quoi le roman permet à l'homme de s'évader de sa propre réalité alors qu'il ne s'en affranchit pas complètement et ce, de façon délibérée. Certes le monde romanesque peut embellir notre monde ou en créer un meilleur mais dans de nombreux romans la réalité est présente sous sa forme la plus brute et parfois la plus dure et dans ce cas il n'y a plus de « correction ». Finalement ce que rechercherait l'homme dans la création romanesque ne serait pas l'espoir d'un « monde meilleur que celui-ci, meilleur ne voulant pas dire différent mais unifié », un monde où la maitrise de son destin serait possible contrairement au monde réel.
[...] Je veux montrer à mes semblables un homme dans toute la vérité de sa nature Pourtant, après Les Confessions, Rousseau s'est senti le besoin d'écrire Les Rêveries du Promeneur Solitaire, œuvre autobiographique également, qui s'achève brusquement suite à la mort du philosophe. Nous pouvons alors nous interroger sur la légitimité de cet écrit. Proust sera également emporté par la mort avant d'avoir terminé son œuvre. Cela manifeste clairement le besoin de l'homme de donner une unité à sa vie et ce jusqu'à sa mort. [...]
[...] Dans L'Assommoir il peint la déchéance d'une famille ouvrière dans le milieu empesté de nos faubourgs Nous remarquerons d'ailleurs que Zola à été le premier à faire apparaître dans ses romans les ouvriers comme une classe sociale victime de leur condition et pourtant capable de renverser la société. Cette connaissance de la société se retrouve également dans les romans historiques où nous découvrons, dans le passé, un état de la société, une peinture du réel. Le discours historique tend au vrai et décrit donc la réalité. Il relève, lui aussi, d'une prétention scientifique. [...]
[...] On ne part plus de l'utopie mais des découvertes récentes de la science comme en témoignent les œuvres de Jules Verne. Ses héros parcourent le monde, terres proches ou lointaines, connues ou inconnues, et font voyager les lecteurs qui partent à la découverte de la calotte glacière, de forêts vierges, de grands lacs mais aussi des fonds sous- marins (Vingt mille lieues sous les mers) ou de l'univers (De la Terre à la Lune). Certes nous ne sommes plus dans le cadre de la société idéale mais le problème que pose la lutte de l'homme avec la nature est toujours présent. [...]
[...] Les personnages romanesques finissent ce que jamais nous ne pourrons achever. Nous vivons par procuration la vie de quelqu'un d'autre qui a un début et une fin que nous pouvons en quelque sorte maitriser par rapport à la nôtre. Le romancier s'inspire du réel en racontant sa vie, en décrivant son temps, en s'appuyant sur ses expériences. L'individu et l'époque dans laquelle il évolue sont les deux pôles du roman et la vie de l'homme devient alors la matière du récit comme chez Proust par exemple. [...]
[...] Finalement, le roman n'a jamais cessé de méditer sur la condition de l'homme dans le sens où il s'est évertué à dénoncer le monde dans lequel nous vivons. Il veut montrer une société où liberté, égalité, fraternité aurait réellement un sens. Cela se retrouve beaucoup dans les romans d'avant la Révolution mais également après. On comprend donc qu'un esprit de révolte les ait nourris et que cette révolte soit, comme le dit Camus, fabricatrice d'univers ; d'où les nombreux projets de sociétés idéales On retrouve cette dénonciation d'un monde où l'homme n'est pas à sa juste place dans de nombreux romans qui font le récit de voyage, où se met en place la description de société à imiter ou à oublier mais aussi dans de nombreux romans philosophiques. [...]
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