« Les romans sont aux jours ce que les rêves sont à la nuit » nous dit Pascal Quignard, cet écrivain, théoricien du roman, et partisan d'une rhétorique de la fascination. Selon lui, le roman est objet d'évasion grâce aux images qu'il propose, « images [qui] tendent des filets » et captent l'émotion du lecteur. Il se peint, dans sa Rhétorique spéculative comme un producteur d'images mais aussi, et ce à l'instar de son futur lecteur, comme prédisposé à l'hallucination fictionnelle. Le roman met alors en jeu, grâce à ses images, un rapport particulier entre l'auteur et son lecteur. Cette théorie, Pascal Quignard l'expose plus en détail, dans un entretien accordé à la revue Le Débat, en 1989, durant lequel il affirme « qu'il y a roman là où il y a fonction de fides : on croit à ce qui se passe. […] A mon sens, les plus beaux romans installent les êtres qui les entrouvrent dans une espèce de zone de transition à mi-chemin entre le fantasme et l'hallucination. C'est une foi qui ne méconnaît pas sa fiction mais qui joue avec, et qui laisse dans une sorte de halètement devant le désirable. Dans toute lecture il faut que le désir de croire (et celui d'être cru pour qui écrit) soit assouvi. » Pascal Quignard propose ici une définition du roman qui fait apparaître, sans pour autant les nommer, les notions de romanesque et d'illusion romanesque. Le centre d'intérêt c'est l'émotion propre au roman, la confiance absolue que le lecteur, ainsi que l'auteur, placent au centre du roman. La propriété première de ce genre est de « faire fonction de fides », de faire croire à ce qui se passe. Le lecteur doit faire preuve de bonne foi (sens du mot fides) afin de se laisser entraîner par le roman ; il se retrouve alors dans un entre- deux, dans un espace entre le « fantasme et l'hallucination ». Le roman est un objet de désir et une source de plaisir. Mais ce désir et cette foi, en ce qui est lu, ne sont pas aveugles pour autant, puisque le lecteur a tout de même conscience qu'il est face à une fiction. Cela implique donc une certaine distance de la part de ce dernier. Tout en feignant de croire à ce qu'il lit, il développe son imaginaire ce qui est le propre de la fiction. De ce fait, le roman se fonde sur une dialectique du désir puisque son but est d'assouvir le besoin de croire du lecteur, et celui d'être cru pour l'auteur, mais aussi sur une prise de conscience face à ce désir. Pascal Quignard soulève ici des questions sensibles quant à la fonction du roman. Mais en dehors de cela, n'y aurait-il pas une autre définition possible du roman ? S'il est vrai que l'illusion romanesque est le pilier central de celui-ci et qu'il en découle une relation particulière entre le lecteur, l'auteur et le texte, il existe néanmoins des limites à ce point de vue. C'est ce que nous allons pouvoir constater.
[...] Le roman met alors en jeu, grâce à ses images, un rapport particulier entre l'auteur et son lecteur. Cette théorie, Pascal Quignard l'expose plus en détails, dans un entretien accordé à la revue Le Débat, en 1989, durant lequel il affirme qu'il y a roman là où il y a fonction de fides : on croit à ce qui se passe. [ ] A mon sens, les plus beaux romans installent les êtres qui les entrouvrent dans une espèce de zone de transition à mi-chemin entre le fantasme et l'hallucination. [...]
[...] Frye écrit, dans Anatomie de la critique, que le roman est la forme littéraire la plus proche de l'accomplissement d'un rêve. Le besoin de croire est bien, par conséquent, le centre de ce genre. L'autre élément essentiel du roman est le plaisir. Comme nous avons pu le constater, c'est un élément clé de sa définition, qui permet aussi au lecteur de mieux adhérer à ce qu'il lit. Ce plaisir est lié à la présence du romanesque qui est qualifié de science du beau et du plaisir par Laurence Plazenet. [...]
[...] Hugo fait du roman un genre non romanesque mais dramatique et philosophique. Tout comme d'autres catégories génériques s'insèrent dans le roman, nous pouvons constater la présence de romanesque ailleurs que dans le roman comme l'affirme J.M Schaeffer dans La catégorie du romanesque. En effet, le romanesque ne peut pas être réduit à une catégorie spécifiquement littéraire Le cinéma en est une source d'exemples intarissable : westerns, péplums, mélodrames La Guerre des étoiles est le cycle le romanesque le plus significatif des dernières décennies nous dit J.M Schaeffer. [...]
[...] Ce qui nous amène à penser que la définition du roman selon Pascal Quignard serait peut-être trop exclusive. Pour certains critiques, la vérité du roman n'est jamais autre chose qu'un accroissement de son pouvoir d'illusion ».Ainsi, le roman, soumis à la règle de la fiction, échappe à l'alternative vrai / faux ; nous savons que ce qui est relaté ne relève pas de la vérité. En cela, le romanesque, caractéristique du roman, s'oppose aux textes ayant une prétention historique puisque le travail de l'historien a pour but se séparer l'imaginaire du réel en s'appuyant sur des faits attestés. [...]
[...] Elle doit se faire dans l'ordre de l'immersion de la croyance, de ce que Coleridge nomme la suspension volontaire de l'incrédulité L'un des buts principaux du roman est d'assouvir ce désir de croire du lecteur et en contrepartie celui d'être cru pour celui qui écrit Il y a donc une attente de la part de ces deux pôles, l'un envers l'autre. Un lien se développe, grâce à la lecture, entre le lecteur et l'auteur, leurs besoins sont interdépendants. La lecture de roman n'est pas une expérience passive, mais elle se présente comme une interaction entre le texte et celui qui le lit. Le lecteur nourrit un désir. Le texte littéraire, par nature incomplet, lui permet de laisser libre cour à son imagination et donc de croire en ce qu'il lit. [...]
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