Littérature, Thème de l'autre en littérature, rencontre avec le sauvage, Robinson Crusoé, Daniel Defoe, L'île mystérieuse, Jules Verne, Michel Tournier, Vendredi ou les limbes du Pacifique, Vendredi ou la vie sauvage, rapport maître-esclave
Ce corpus est composé de quatre extraits de romans, Robinson Crusoé écrit par Daniel Defoe au XVIIIe siècle, L'île mystérieuse de Jules Verne datant du XIXe siècle, et deux extraits de romans écrits par Michel Tournier au XXe siècle Vendredi ou les limbes du Pacifique et Vendredi ou la vie sauvage. Ces extraits ont un thème semblable, la rencontre de personnages civilisés avec un sauvage. Néanmoins, les relations entre ces personnages, s'ils elles peuvent parfois se recouper, ne sont pas exactement les mêmes dans chaque texte.
[...] Les gestes de ce passage rappellent ceux que l'on pourrait avoir avec un animal farouche et craintif que l'on cherche à approcher. Dans le texte de Jules Verne, se trouve également une phase d'apprivoisement, car au début l'inconnu veut fuir, mais son bienfaiteur « lui mit la main sur l'épaule par un geste plein d'autorité, et il le regarda avec une douceur infinie », ce qui a pour conséquence de calmer le sauvage. Le passage qui nous est donné de Vendredi ou les limbes du Pacifique ne décrit pas la rencontre entre les deux personnages, et les rapports de force sont déjà posés : comme dans le texte de Defoe, Robinson est le maître, Vendredi est dans une position soumise. [...]
[...] Domination/soumission : une relation remise en question Cette domination/soumission n'est pas présente dans Vendredi ou la vie sauvage. La position de maître de Robinson est, par ailleurs, complétement niée dans la phrase « Il n'avait plus du tout la tête d'un gouverneur et encore moins d'un général » et grâce à la comparaison péjorative avec une « poule plumée » Pourtant, le rapport de force exigé par cette relation maître-esclave n'est pas dénué d'une certaine volonté de paix. Effectivement, dans Robinson Crusoé, cette soumission de Vendredi est volontaire. [...]
[...] Dans Robinson Crusoé et Vendredi ou les limbes du Pacifique, c'est Robinson qui civilise Vendredi. Ainsi, on retrouve des verbes en rapport avec l'éducation « faire comprendre » « enseigner » « enjoindre » (pour Defoe) « répéter » (pour Tournier) « apprendre » (dans les deux textes) et l'énumération de « définitions, principes, dogmes et mystères » enseignés par Robinson à son esclave. Dans L'île mystérieuse, il ne s'agit pas d'apprendre, mais de réapprendre, de « rallumer cette âme » et d'« y rappeler la raison », puisque l'inconnu est un naufragé qui a vécu seul sur une île durant des années (« c'était un homme ») et non un indigène. [...]
[...] C'est pourquoi c'est maintenant lui qui « regard[e] » et « observ[e] » qui adopte sa manière de se coiffer et de se dévêtir tandis que Vendredi lui adresse ses « encouragements » et ses « applaudissements ». Conclusion Ainsi, à travers les relations entre civilisés et indigènes des quatre extraits de ce corpus, on constate une évolution des rapports de force maître-esclave. Si ce rapport est tout d'abord accepté et considéré de manière positive, il est ensuite remis en question pour être, au final, complètement renié. [...]
[...] S'il n'est pas aussi heureux d'être auprès des hommes civilisés, l'inconnu de Jules Verne montre tout de même un certain « attachement » envers son bienfaiteur. Réciproquement, les hommes de l'équipage éprouvent une sorte de pitié pour lui, ainsi que le montrent les différentes appellations pathétiques qui le désignent « malheureux », « pauvre abandonné », « misérable être », le fait qu'il ressente pour lui une « sincère émotion » et l'expression « à la grande pitié » (cette pitié est aussi visible au début de l'extrait de Robinson Crusoé dans « le pauvre sauvage »). On s'aperçoit aussi que les hommes civilisés de ces deux textes ne sont pas violents avec le sauvage. [...]
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