argent, Rinconete et Cortadillo, Miguel Cervantès, Nouvelle 55, Heptaméron, Marguerite de Navarre, Nouvelle II, 5, Décaméron, Giovanni Boccace
Si le thème de l'argent est inexistant dans les genres idéalisés que sont les romans de chevalerie et l'épopée à la fin du Moyen-Age en Italie, au Moyen-Age en France, et durant le Siècle d'Or en Espagne, il sera introduit de manière assez innovante dans la littérature par l'écrivain italien Giovanni Boccace au XIVe siècle ; période où l'argent et son manque prennent une grande importance dans la vie urbaine de l'Italie. Il sera ensuite repris par Marguerite de Navarre, une femme de lettres française qui s'est inspirée de son œuvre au XVIe siècle ; et traité également par le romancier espagnol Miguel de Cervantès au XVIIe siècle.
[...] Mais il s'agit également d'un thème controversé, du fait des conséquences que cette dernière entraîne. Nous pouvons donc nous demander en quoi l'omniprésence de l'argent dans ces nouvelles est-elle finalement utilisée comme un prétexte pour faire réfléchir le lecteur aux implications éthiques de sa quête. Pour répondre à cette interrogation, nous étudierons dans un premier temps l'optique concrète selon laquelle est présenté le thème de l'argent, avant d'analyser sa recherche à travers la tromperie, évoquée sur un mode comique. Enfin, nous nous attarderons sur la réflexion que son ambiguïté entraîne sur ses implications éthiques et son bien-fondé. [...]
[...] Ce personnage, à l'image de Rinconete et Cortadillo, commet un acte illégal en volant. Ainsi donc, les personnages n'hésitent pas à brouiller les limites de la morale si cela peut servir leurs intérêts. En fonction des paramètres précédemment évoqués, nous allons voir qu'ils ne peuvent pas tous être mis sur un pied d'égalité en ce qui concerne la critique de leur désir d'argent. En effet, dans le Décaméron et dans les Nouvelles Exemplaires, la cupidité des deux comparses et de la jeune sicilienne est atténuée par le fait que les propriétaires de l'argent ont provoqué leur malheur à travers leur naïveté et leur imprudence, qui sont critiquées. [...]
[...] Ainsi, il est dit au début de la nouvelle il mit dans sa bourse cinq cents florins d'or (p.136) et un peu plus tard que le rubis qu'il a volé valait plus de cinq cents florins d'or (p.146). Ce n'est finalement que justice qu'il la garde, sachant, en plus qu'il aurait pu se servir davantage dans le tombeau. Pourtant, ce concept n'apparaît pas dans la quête sans fin de Rinconete et Cortadillo, qui, eux, n'ont pas subi de vol et s'attaquent à des êtres humains qui ont besoin de l'argent qu'ils possèdent. [...]
[...] De plus, à la fin de la nouvelle, si Rinconete exprime l'envie de s'en aller pour retrouver sa liberté, on apprend que lui et son compagnon restent encore quelques mois dans cette bande de voleurs. Ainsi, peut-être est-ce dû au fait qu'ils ont enfin réussi à s'intégrer et à trouver des gens qui leur ressemblent, eux qui sont finalement des picaros ; des anti- héros en marge de la société. En effet, l'organisation de voleurs dans laquelle ils entrent est dirigée par Monipodio, dont le portefaix indique il a la charge d'être notre père (p.171). [...]
[...] Ainsi, il y a plusieurs champs lexicaux que l'on retrouve à la fois dans le texte de Miguel de Cervantès, dans le texte de Marguerite de Navarre, et dans celui de Giovanni Boccace. Premièrement, celui de la monnaie, puisque dans la nouvelle Espagnole, il est question de réaux et de maravédis (p.163), écus d'or (p.167), et de ducats (p.197). Cette dernière monnaie est d'ailleurs aussi présente dans la nouvelle Française (p.491), mais pas dans celle de Boccace, où l'on évoque uniquement des florins d'or (p.136). [...]
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