L'appellation « théâtre de l'absurde » est utilisée pour la première fois vers 1950 par le critique Jacques Lemarchand pour souligner les similitudes qu'il remarque dans les oeuvres théâtrales de Ionesco, Adamov et Beckett. Repris par Camus et Sartre, le concept de « l'absurde » renvoie à l'absurdité de la condition humaine, à la difficulté de lui donner sens.
[...] ) surpasse une vision philosophique pessimiste. Il disait d'ailleurs ne pas s'intéresser à la philosophie, notamment à l'existentialisme d'un Camus ou d'un Sartre. Toutefois l'absurdité du monde est bien l'un des sujets de son oeuvre, notamment dans ses premières pièces. Il n'est d'ailleurs pas le seul porteur d'un message de l'absurde. C'est le cas de bien des écrivains d'avant et après la seconde guerre mondiale. Aux côtés des dramaturges, de Jarry, des Surréalistes, on peut citer Kafka, ou le Meursault de L'Etranger de Camus. [...]
[...] L'intrigue, à son tour, est inexistante, ou du moins ténue: Il s'agissait d'attendre Godot, qui ne vient pas, et que Vladimir et Estragon continueront d'attendre à tout jamais. Dans l'extrait que nous étudions, qui consiste comme presque tout le reste de la pièce en un dialogue succinct entre les deux protagonistes (stichomythies généralisées), il ne se passe quasiment rien. Le seul semblant d'histoire est l'épisode de la tentative avortée de pendaison avec la corde-ceinture d'Estragon. Tout essai d'action est voué à l'échec, Vladimir et Estragon sont englués dans l'immobilité - opposée à la richesse d'actions, de retournements de situations, de coups de théâtre, caractéristique du théâtre jusqu'alors. [...]
[...] Puis nous nous pencherons sur les ressorts spécifiques de l'absurde chez Beckett. La didascalie initiale indique que la nuit approche. Tout au long de la pièce, par un simple jeu de lumières, le jour et la nuit ont alterné, soulignant l'attente perpétuelle des deux personnages. A part les chaussures d'Estragon et un arbre, le décor est vide. Toutes les machineries de décor, l'un des charmes du théâtre antérieur, ont disparu. Il n'y a plus rien, seulement l'alternance du jour et de la nuit. [...]
[...] Derrière le caractère absurde de ces pseudo-échanges dans un non-temps, un espace vide, il y a l'attente de quelque chose dont on imagine que cela pourrait rendre l'espoir à Vladimir et Estragon, l'arrivée de « Godot ». « Vladimir - Il faut revenir demain. / Estragon - Pour quoi faire? /Vladimir - Attendre Godot. / Estragon - C'est vrai. » Seule l'arrivée de Godot apporterait la délivrance aux deux clochards, bien qu'on ne sache quelle délivrance. « Godot », c'est peut-être « God », Dieu, parodié en « godiche », « godasse ». Au début de la pièce, il est clairement fait allusion au Christ. [...]
[...] Les pièces de Beckett, comme ses romans, sont toutes extraordinairement drôles, d'une drôlerie légère dans la construction des dialogues, clownesque dans la personnalité des protagonistes. Un énorme humour noir domine le texte. C'est le cas par exemple ici dans la scène de la tentative de pendaison: « Estragon - Tu n'as pas un bout de corde? / Vladimir - Non. / ( . ) Estragon - Attends, il y a ma ceinture. Vladimir - C'est trop court. / Estragon - tu tireras sur mes jambes. [...]
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