Le théâtre a, dès l'antiquité, mis en scène des grands mythes littéraires, grâce à des écrivains tels que Sophocle, qui ont inspiré de nombreux dramaturges. Ces mythes, beaucoup repris au dix-septième siècle, sont encore très réécrits au vingtième et ont rencontré un vif succès entre les deux guerres.
Comment, cependant, « dans le monde moderne, la mise en scène des grands mythes littéraires peut-elle toujours intéresser le public » ? Il semble en effet paradoxal que l'ancien intéresse le nouveau, mais ces mythes ne sont-ils que des mythes, n'ont-ils pas un sens plus profond que leur dimension mythologique ?
S'ils peuvent par certains aspects sembler désuets, ils comportent pourtant un réel intérêt, et, par delà les siècles, ne sont-ils pas un reflet de l'Homme et de la société ? (...)
[...] Nombreux sont les auteurs qui ont repris le mythe d'œdipe ou celui d'Electre, ce sont des histoires connues dont le dénouement ne comporte plus désormais de suspense : Œdipe en effet tuera son père et épousera sa mère cette dernière se pendra et son fils se crèvera les yeux. Electre, elle, retrouvera son frère et, dans toutes les tragédies où elle sera en scène, souhaitera la mort d'Egisthe et de Clytemnestre, qui sont amants et ont tué son père Agamemnon. [...]
[...] Agathe donne lieu à des scènes comiques qui viennent parfois faire oublier un peu le tragique et qui peuvent être attractives pour le spectateur ; Alcmène se moque ouvertement de Jupiter dans Amphitryon 38 en lui demandant à quoi cela lui servirait d'être déesse L'humour, les anachronismes, les petites nuances apportées dans les différentes réécritures sont donc autant de points qui peuvent pousser le public à s'intéresser à la mise en scène des grands mythes littéraires, qui sont aussi un reflet de la société. [...]
[...] Les mythes tragiques repris au vingtième siècle sont beaucoup moins formels que ceux, par exemple, du dix-septième. Ils étaient à cette époque régis par les règles très strictes du classicisme, par les trois unités de lieu, de temps et d'action, à propos desquelles Boileau écrivait Qu'en un lieu, en un jour, un seul fait accompli Tienne jusqu'à la fin le théâtre rempli par la bienséance, par l'interdiction de faire apparaître des personnages non nobles, dans les pièces de Racine, par exemple. [...]
[...] De nombreux personnages sont apparus, Giraudoux a ainsi, dans Electre, donné naissance à Agathe et au président, qui forment le couple des Théocathoclès, et à la femme Narsès, il a mis en relief l'histoire de la chute d'Oreste petit, qui ponctue toute son œuvre, contrairement aux pièces de l'antiquité, mais à l'inverse, limité la scène de la reconnaissance entre Oreste et sa sœur, ces deux derniers se revoient après le meurtre d'Egisthe et de leur mère dans Les Mouches de Sartre tandis qu'ils ne se revoient pas dans la pièce de Giraudoux. Si les grandes lignes des histoires des mythes restent semblables, des différences apparaissent dans leurs nombreuses réécritures, qui sont souvent adaptées à leur époque. Les mythes, aussi anciens soient-ils, vont avec le temps dans lequel ils sont écrits, que ce soit dans la façon de parler et dans les expressions des personnages ou dans le vocabulaire qu'ils emploient. [...]
[...] Giraudoux ouvre une réelle réflexion sur la guerre dans La Guerre de Troie n'aura pas lieu et montre son caractère immuable : malgré tous les efforts des protagonistes, elle n'a en effet pu être évitée, tout comme la seconde Guerre Mondiale ne pourra l'être. Il faisait dans cette pièce également appel à la culture et aux connaissances du public en reprenant le titre d'une œuvre de Musset et en écrivant il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée il incite à réfléchir sur la vie elle-même dans Electre, sur la justice que le personnage éponyme représente, sur la vengeance, sur le bonheur ; le dramaturge appelle le public à être heureux dans le lamento de son jardinier en répétant à de multiples reprises ce qui peut être considéré comme sa devise : joie et amour il porte à réfléchir sur les relations entre les hommes. [...]
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