Le théâtre est-il le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle ?

Résumé du document

Aujourd'hui, le théâtre n'est plus ce lieu de sortie et de rencontre des siècles passés. Il a beaucoup évolué, autant en termes de contraintes, que de machineries, éclairages, son... Il reste pour la plupart d'entre nous une enceinte élitiste, intellectuelle et finalement le plus souvent ignorée. C'est pourquoi se demander s'il est le lieu de la plus grande liberté, de l'imagination la plus folle, comme le dit Eugène Ionesco dans "Propos sur mon théâtre", in Notes et contrenotes (1966) (...)

Extraits

[...] Ainsi, la liberté au théâtre, notamment d'imagination, permet à chacun de créer et d'interpréter sa propre pièce, son propre message. Le théâtre est un lieu magique où des mots, un texte prennent vie grâce à la collaboration d'un auteur, d'un metteur en scène, d'acteurs, d'un public Par essence, le théâtre est un univers virtuel (celui des mots) actualisé par le corps des acteurs et le travail des décorateurs et costumiers Ainsi, à travers tous ces exemples divers et variés, on pourra relever de cette étude d'une facette du théâtre, qui montre que malgré des contraintes imposées par la société comme les règles du théâtre classique, ou celles imposées par le metteur en scène et l'auteur, le théâtre demeure tout de même un lieu de liberté tout d'abord liée à l'imagination tant du dramaturge que du metteur en scène, du public ou du lecteur. [...]

[...] Ainsi, le théâtre est donc le lieu d'un enchainement de trois créations, celle d'un auteur, celle d'un metteur en scène et enfin celle d'un comédien De même, on peut dire que le théâtre est le lieu de l'imagination la plus folle, car lorsque la pièce est uniquement lue, et donc qu'aucune interprétation précise n'est proposée, c'est alors au lecteur de décider de la sienne, et d'imaginer ce que l'auteur a voulu dire, d'imaginer les personnages, leurs caractères et leurs pensées. En effet, toute pièce qui serait seulement lue nécessite comme tout texte (mais plus que le roman qui abonde en descriptions) un important effort d'imagination de la part du lecteur. Ainsi, on a pu constater plusieurs fois, lorsque quelqu'un lisait une pièce puis allait la voir, qu'il ressortait parfois choqué de la mise en scène ou de jeu des acteurs, s'en étant imaginé une toute autre. [...]

[...] De même, la liberté de l'imagination peut parfois permettre d'éviter la censure, voire de critiquer sans être trop remarquée. Ainsi, dans Rhinocéros, Ionesco utilise la métamorphose de toute la ville en rhinocéros pour pouvoir critiquer l'humanité et la société en toute tranquillité, sans subir de reproches quelconques. De plus, l'utilisation de personnages fictifs ou imaginaires, comme les personnages de La vie est un songe, qui se déroule dans une Pologne fictive, permet de mettre à distance les gens visés, tout en continuant à réfléchir à la situation exposée, car même si les gens n'existent pas, il est possible qu'il soit arrivé la même chose en réalité. [...]

[...] De même, dans En attendant Godot de Samuel Beckett, la situation est incomprise, et absurde : deux personnes attend un dénommé Godot, dont on ignore tout. On ignore même la raison de l'attente, le lieu. Pourtant ces deux personnes sont là, et se parlent de tout et de rien. Le dialogue devient vite inutile, mais il nous apprend tout de même quelques choses sur les deux personnages (dont on ignore le nom tant que l'on n'a pas lu le texte). [...]

[...] Le langage mis en scène n'est plus un moyen de communication mais exprime le vide, l'incohérence et représente la vie, laquelle est elle-même ridicule. Les auteurs et les metteurs en scène font donc preuve d'une imagination débordante pour pouvoir montrer la vie telle qu'elle est, inutile et dénuée de sens. Le théâtre est donc, en soi, un lieu de liberté et d'imagination, cependant, nous allons voir que ce même théâtre a possédé et possède toujours des limites, qui obligent parfois l'auteur à réduire sa fantaisie, son imagination. Au XVIIème siècle, est apparu un mouvement qui limitait fortement les dramaturges, le classicisme. [...]